Quand un petit village arménien forme une milice pour attaquer des militants LGBT
Des nouvelles effrayantes en provenance d’Arménie où une milice s’est attaquée à des militants LGBT. Dans le petit village de Shurnukh, au sud-est du Pays, plusieurs dizaines de personnes ont attaqué neuf militants LGBTQ. La milice arméniene à l’origine du passage à tabac a blessés deux d’entre eux et ces derniers ont dû aller à l’hôpital. Bien que la police enquête, aucune victime n’aurait été contactée par la justice. De même, la police aurait maltraité les victimes et la milice anti-LGBT comprenait même l’ancien maire du village.
L’attaque a eu lieu au domicile de Hayk Oprah Hakobyan, un militant queer local. Plusieurs militants s’y étaient réunis. Avant l’agression, deux hommes sont arrivés à la maison pour lancer des propos homophobes et menacer le groupe. Bien que les activistes aient signalé ces menaces à la police, les hommes n’ont pas été retrouvés.
Les militants ont fait leurs valises et étaient prêts à partir, mais il était trop tard. Vers 20h, dans la soirée du vendredi 3 août dernier, plus de 30 personnes ont demandé aux militants de sortir, criant que Shurnukh n’était pas un endroit pour les personnes LGBTQ. Les choses ont vite tourné à la violence, la foule battant les militants et leur lançant des pierres. Tous les militants ont été blessés, mais deux ont été grièvement blessés et envoyés immédiatement à l’hôpital. Le lendemain, les sept autres militants se sont rendus à l’hôpital pour y être examinés.
Le nombre de participants à ce lynchage est encore plus choquant compte tenu de la taille de Shurnukh. En 2011, la population du village n’était que de 207 personnes, ce qui signifie qu’environ 15% des citoyens ont participé aux violences. Compte tenu de la petite taille du village, les militants ont reconnu nombre de leurs agresseurs, dont Hakob Arshakyan, l’ancien maire. Les militants ont filmé une vidéo de l’attaque dans l’espoir que les images pourraient être utilisées pour arrêter leurs agresseurs.
Hayk Oprah Hakobyan a expliqué que son père avait récemment déposé une plainte pour corruption contre l’ancien maire. Il pense que cela pourrait être le motif direct de l’attaque.
Bien que la police ait été appelée, il leur a fallu plus de 90 minutes pour intervenir. Mais ce n’est que lors qu’ils ont pris la fuite que les militants ont croisé une voiture de police.
L’une des victimes, Robert, a déclaré à OC Media : «La police n’a même pas apporté suffisamment de voitures pour transporter neuf personnes, comme nous leur avions demandé de le faire. Nous avons dû arrêter un bus touristique pour nous transporter. Nous avons ensuite croisé une ambulance, alors deux blessés, dont moi-même, ont été transportés directement à l’hôpital. »
Robert a également déclaré que la police ne s’était pas comporté de manière professionnelle, demandant si les victimes étaient vraiment gay – et n’utilisant que le terme arménien insultant hamaseramol. Bien que la police dit enquêter, les victimes ont déclaré ne pas avoir été contactées par les enquêteurs.
L’homosexualité est légale en Arménie depuis 2003, mais de nombreux citoyens demeurent homophobes. Selon une étude réalisée en 2012, 55% des répondants auraient cessé de fréquenter un ami ou un proche s’ils étaient homosexuels. Il n’y a pas de protection légale pour les Arméniens LGBT et l’Arménie est classée 47ème sur 49 pays européens en matière de droits LGBTQ, ne battant que la Russie et l’Azerbaïdjan. Bien que le mariage des personnes ne même sexe ne soit pas légal en Arménie, le pays reconnaît les mariages entre personnes de même sexe prononcés à l’étranger.