Exclusif: Armistead Maupin nous parle de son autobiographie, de Rock Hudson et du retour des « Chroniques de San Francisco » sur Netflix
Il y avait la foule des grands jours aux Mots à la Bouche, jeudi dernier. Une bonne cinquantaine de personnes — principalement des hommes, ayant principalement plus de 35 ans — faisaient la queue au sein de la plus vieille librairie LGBT parisienne et quelques uns attendaient dehors lorsqu’Armisteaud Maupin est arrivé pour la signature de son dernier livre, Mon autre famille, publié mi-mai en France. Il faisait chaud et lourd ce jour-là dans la capitale, et les employés de la librairie passaient régulièrement parmi les clients pour leur donner des verres d’eau — ou de vin — de crainte que l’un d’entre d’eux ou l’une d’entre elles ne s’évanouisse.
Avec chacun de ses admirateurs, l’écrivain a pris le temps d’échanger quelques mots et de poser pour une photo ou un selfie avant de signer la page de garde de l’un de ses livres.
Beaucoup lui ont dit à quel point ses livres et ses personnages avaient été importants durant leur adolescence ou leurs jeunes années d’adultes. Ils et elles n’ont pas oublié Anna Madrigal, la merveilleuse tenancière du 28, Barbary Lane, femme trans et grande fumeuse d’herbe devant l’Eternel et bien sûr l’attachant Michael Tolliver et son inoubliable « Lettre à Maman », qui a encouragé tant de jeunes homos à faire leur coming-out.
Nous avons eu l’occasion de discuter avec Armistead Maupin dans les locaux des Editions de l’Olivier à Montparnasse. Il nous a parlé de ses familles logique et BIOlogique [le titre original du livre est Logical Family], de l’outing de Rock Hudson, de la future adaptation de ses Chroniques sur Netflix et bien sûr de San Francisco, la ville qu’il a quasiment « inventée » pour reprendre l’expression taquine de feu l’écrivain et comédien Quentin Crisp.
HORNET: Est-difficile d’écrire une autobiographie quand on écrit habituellement de la fiction?
ARMISTEAD MAUPIN: Je l’ai écrite presque exactement de la même manière que j’écrirais un roman. Elle contient les mêmes éléments. J’y ai mis du suspense, de l’humour, du pathos, tout que j’utilisais pour les Chroniques de San Francisco. J’ai toujours raconté mes histoires de cette façon.
Dans une critique de votre livre, le New York Times affirme qu’on aurait aimé vous voir analyser davantage le racisme dans lequel vous grandi? Les enfants croient ce que leur famille leur raconte. C’est aussi simple que ça, pour moi. J’ai été élevé par un père raciste. Ma mère n’était pas vraiment raciste, elle essayait juste de maintenir la paix au sein de la famille, et d’être d’accord avec mon père autant que possible. J’ai dû sortir de chez moi pour rencontrer de nouvelles personnes. Coucher avec de nouvelles personnes. Cela a été important. Cela a été capital. Aller au sauna et finir dans les bras de quelqu’un, souvent d’une autre couleur, et réaliser qu’il n’y avait aucune différence quand il s’agit d’amour, ou aucune différence tout court.
J’ai ressenti le besoin d’évoquer cet aspect parce que personne ne le connaissait. Tout le monde a supposé que j’étais né civilisé et de gauche, mais ce n’est pas le cas. J’ai grandi dans une famille très fière de son rôle dans la défense de l’esclavage. A cet égard, le lit de mon grand-père est devenu un symbole. On l’a toujours décrit comme ayant été fabriqué par « des esclaves de la famille », ce qui part d’un bon sentiment, mais qui ne l’est pas du tout. J’ai vraiment été touché par le fait que ma mère m’ait envoyé le lit quand elle a compris que j’étais gay. Elle a pris cet héritage familial et l’a utilisé pour en quelque sorte donner sa bénédiction à mes relations gays.
C’est précisément ce que le New York Times vous reproche. Pourquoi avoir accepté ce lit? C’est un beau lit. Il représente le dur labeur d’une personne afro-américaine.
Comment êtes vous devenu un militant gay? Avez-vous eu une révélation? San Francisco a été ma révélation. Les hétérosexuels à San Francisco étaient plus à l’aise avec ma propre homosexualité que je ne l’étais. Cela m’a donné la chance de devenir entièrement quelqu’un d’autre et de commencer une nouvelle vie. J’ai pu réexaminer mon homosexualité et mon acceptation de moi-même, mais aussi les préjugés qu’on m’avait inculqués quand j’étais enfant. Aucun de ceux-là n’avait plus aucun sens une fois que j’ai accepté que j’étais bien comme j’étais.
Ce livre était-il une manière de faire la paix avec votre père? Non, car mon père est mort il y a dix ans. J’ai fait la paix avec lui dans un livre et je lui ai fait rencontrer mon mari avant sa mort. C’est à ce moment-là que j’ai fait la paix. Et, à sa manière, il a béni notre relation. Je ne voulais pas y aller. Christopher, mon mari, m’a dit « tu dois y aller ». J’avais été blessé trop souvent et je l’avais vu trop souvent ne pas changer d’avis.
Vous citez une magnifique expression de votre grand-mère, qui vous a dit en 1958: « Une femme qui n’est qu’une femme et un homme qui n’est qu’un homme, est un monstre, qui n’est pas fait pour la vie en société. » Aujourd’hui, on parle beaucoup des questions de genre. Mais pour l’époque, ce n’est pas banal. C’était une déclaration très radicale. Avec le recul je me demande si elle ne connaissait pas des gays mais aussi des personnes trans. Elle a fait partie du mouvement des suffragettes, donc elle était sans doute entourée par des artistes et elle savait que c’était ce que j’avais besoin d’entendre. Je l’adorais.
Aujourd’hui, on fête le Harvey Milk Day aux Etats-Unis (l’interview a eu lieu le 22 mai). Vous le mentionnez dans votre livre, mais assez rapidement. Quelle était votre relation avec lui? Nous étions amis. Mais je n’ai ressenti le besoin d’écrire à son sujet parce qu’on a déjà tellement écrit sur lui. On l’a presque trop « mythifié ».
Il est trop considéré comme une icône, selon vous? Il mérite de l’être. Mais il n’a été dans les parages que pendant trois ou quatre ans, avant que son meurtre ne mette fin à tout ça. Mon ami Cleve Jones, qui était son homme à tout faire, vient d’écrire un livre sur lui [When we rise], Randy Shilts avait écrit un livre [The mayor of Castro Street], il y a eu un film… La plupart des gays savent qui il est. Et je trouve que le hasard a étrangement bien fait les choses car mes parents étaient en ville le jour où nous avons marché dans la ville pour protester contre son assassinat.
Vous avez outé l’acteur Rock Hudson quelques mois avant sa mort. Ce qui vous a valu une sérieuse controverse. Comment voyez-vous cela, avec le recul? De la même manière que je le voyais à l’époque: c’était ce qu’il fallait faire. Le sida m’avait pris tellement d’amis… Et ces hommes ne se cachaient pas, ils étaient nobles dans la façon dont ils affrontaient publiquement leur maladie et leur combat contre la bigoterie. Je savais que Rock avait besoin d’aide car il était entouré d’idiots, des gens de l’industrie du cinéma, dont les revenus dépendaient de leur capacité à maintenir ce mensonge vivant. Il était assez clair que Rock n’en avait plus pour longtemps et je voulais qu’il ressente tout l’amour de la communauté. Et il l’a ressenti. Pas seulement de la communauté gay. 35 000 personnes ont écrit à l’hôpital pour dire qu’ils l’aimaient, qu’ils étaient fiers de lui et qu’ils s’en fichaient qu’il soit gay. Cela a été une révélation pour lui, juste avant sa mort. Je savais que cela me vaudrait des torrents de merde. Cela n’a pas été facile car on n’a pas compris mes intentions. Mais aujourd’hui, on le considère comme un héros parce qu’on sait ça de lui.
Certains pensent même qu’il a fait son coming-out. C’est vrai. Je me suis demandé ce qu’il en avait pensé, bien sûr, car je n’étais plus en contact avec lui. Quand Sarah Davidson, sa biographe, est venue me voir, elle m’a dit « je veux que vous sachiez que Rock m’a dit que vous étiez la première personne à qui je devais parler. » Donc j’ai su qu’il avait compris que mes intentions étaient bonnes et que je pouvais traiter ça comme il le fallait. Je n’ai jamais voulu que ce soit un scandale. Mais c’est ce que les magazines people ont fait. (…) Cela a été un moment difficile pour moi, je ne veux pas minimiser ça. Le vieil homme qui tenait un stand de fleurs sur Castro Street me pointait du doigt et des militants gays m’ont dit « Pourquoi vas-tu dire ça à propos de quelqu’un? ». Nous étions censés entretenir la honte. Et j’étais arrivé à un stade dans ma vie où je n’avais plus aucune patience pour ça. Je ne vais pas mentir pour le bénéfice de quelqu’un d’autre. Il arrive parfois non pas que je mente, mais que je n’aborde pas le sujet. Je me suis retrouvé un jour dans une table ronde avec un écrivain qui à mon avis était gay — il y avait chez lui une colère que j’ai reconnue — mais je n’en ai pas parlé car il venait d’un pays où l’homosexualité est criminalisée. Il aurait pu être tué en rentrant chez lui si un journal avait titre « Untel est un homosexuel ». C’est une circonstance différente. En revanche, je n’en ai rien à foutre qu’un acteur millionnaire risque de perdre un peu d’argent.
Vous pensez que Hollywood fait toujours pression sur les acteurs et actrices LGBT pour les forcer à rester au placard? Oui, Hollywood continue à faire ça. Cela va mieux parce que les jeunes acteurs voient les avantages qu’il y a être honnête dès le début. On peut emmener son mari aux Oscars, par exemple! Sur Broadway, il y a une toute nouvelle production de la pièce Boys in the Band [qui s’est jouée entre 1968 et 1970, avec uniquement des personnages gays], avec uniquement des acteurs ouvertement gays et qui sont encouragés et fêtés pour ça. J’ai longtemps attendu ce jour.
Vous parlez aussi dans votre livre Christopher Isherwood, l’auteur de « A single man » ou d’ «Adieu à Berlin » [devenu « Cabaret », au cinéma].. Il était un parfait exemple que quelqu’un qui gérait son homosexualité de manière très simple. Quand il a fait la une de The Advocate avec son mari Don Bachardy, un célèbre réalisateur et son compagnon acteur lui ont dit « tu as détruit ta carrière littéraire. » C’était comme ça qu’on réagissait il y a 40 ans.
Vous racontez que lors de votre rencontre vous avez dit à Christopher Isherwood qu’il était en quelque sorte le « Vieux Monsieur Gay » de la littérature. Vous avez l’impression d’avoir repris le flambeau? Je suis l’un de ceux qui l’ont repris! Nous sommes beaucoup: Edmund White, Andrew Holleran… Je ne veux pas insulter quelqu’un en l’oubliant dans la liste! Vous ne trouvez pas ça intéressant que cela doit devenu un honneur? J’en suis très fier. C’est ce qui me donne l’impression d’avoir accompli quelque chose dans ma vie: des gens de tous âges viennent me voir et me disent que j’ai changé leur vie parce que j’ai changé l’opinion qu’ils avaient d’eux-mêmes. C’est de là que vient mon militantisme. Ne vous-y trompez pas, le but était d’être militant depuis le début. C’était la seule chose que j’avais à offrir.
Votre plus célèbre personnage est sans doute Anna Madrigal, des « Chroniques de San Francisco ». Aviez-vous d’autres exemples de personnages trans en tête à l’époque avant de la créer? Non. Il y avait Myra Breckinridge [de Gore Vidal]. Pas un exemple très agréable. Orlando, de Virginia Woolf, j’imagine. Mais non. Les personnes trans, si jamais elles étaient décrites, l’étaient comme des monstres, des clowns ou des tueurs/tueuses. Ce qui était radical avec Anna, c’est qu’elle était juste une dame sympa.
Il a fallu attendre 40 ans pour avoir un autre personnage trans de cette dimension avec Maura dans « Transparent »… Là c’est compliqué parce que l’acteur cisgenre qui l’incarne a été accusé de harcèlement sexuel par des femmes trans. Enfin, ce n’est pas très compliqué parce qu’au bout du compte il s’agit de se comporter en personne civilisée et de ne pas infliger sa sexualité à autrui. Cela m’attriste car ce personnage était assez révolutionnaire. Maintenant, c’est déjà un peu démodé car on embauche des personnes trans pour jouer des personnes trans. Daniela Vega, qui a gagné l’Oscar pour A Fantastic Woman, sera un personnage des nouvelles Chroniques de San Francisco l’année prochaine sur Netflix. Notre producteur et réalisateur Alan Poul l’a rencontrée trois jours avant les Oscars et lui a dit « Nous voulons que tu sois dans les Chroniques. » Elle a répondu « Et je veux y être. » Nous avons également lancé un appel pour caster un homme trans hispanique, aucune expérience exigée, pour le rôle de Jake. Donc les choses changent rapidement à Hollywood de ce côté-là. Parce que Hollywood a vu qu’il y avait de l’argent à se faire. C’est pour ça que ça change.
J’ai toujours voulu un acteur ouvertement gay pour le rôle de Michael et je pensais que nous l’avions dans la mini-série, mais il n’était pas ouvertement gay. Ellen Page jouera Shawna et elle est ouvertement lesbienne depuis quelque temps déjà. On obtient une meilleure performance, je pense, si la personne a déjà une expérience de cette vie. Et vous pouvez donner un coup de pouce à la carrière de quelqu’un qui a le courage de le faire.
Quel est votre rôle dans cette adaptation? Je suis producteur exécutif, ce qui signifie que j’ai mon mot à dire. Je suis très heureux de la direction que les choses prennent. Beaucoup de personnes LGBT sont également impliquées. Lauren Morelli, l’une des scénaristes de Orange is the new black, est notre show runner. Elle était hétéro, mariée avec un homme, avant de rencontrer Samira Wiley [qui joue Poussey dans la série], vous savez? Cela me rendrait probablement hétéro aussi de rencontrer Samira! Elle est vraiment charmante, tout comme Lauren. Et elles ne sont pas juste belles, elles ont un bon coeur aussi, elles sont très ouvertes. Cela fait de meilleurs acteurs, cela fait de meilleurs auteurs, cela fait de meilleurs tout.
Olympia Dukakis et Laura Linney reprennent leur rôle d’Anna Madrigal et Mary-Ann Singleton… Olympia est une femme cisgenre. Certain.e.s critiqueront peut-être cela, mais je la défendrai jusqu’au bout car c’était une révolution quand elle a accepté de jouer ce rôle il y a 25 ans. Et Laura est la meilleure alliée que j’aie jamais rencontré. Elle est une bien meilleure militante LGBT que moi! Elle est là quand il faut, soutient les gens, aime ses amis.
La série se basera-t-elle seulement sur les trois derniers livres des Chroniques ou l’intrigue ira-t-elle au-delà? La série contiendra des éléments des livres car c’est de là que viennent les personnages. Mais l’intrigue se déroule à partir de maintenant.
Vous voulez-dire après « Les jours d’Anna Madrigal »? Oui. C’est un peu un mélange. Laura a dit « notre slogan devrait être: ne cherchez pas trop la cohérence!». Parce que tout d’abord, les Chroniques ont été écrites il y a quarante ans. On joue avec cette chronologie. Mais les personnages sont fidèles à leur vraie nature. Sauf pour ceux qui changeront de race. Ben [le compagnon de Michael Tolliver] était blanc dans les livres, il est maintenant afro-américain, avec mon autorisation. Nous voulions représenter toute la variété de la vie de San Francisco et du monde. Et nous le faisons au 28, Barbary Lane. Les histoires étaient bien trop blanches au début, parce que j’étais bien trop blanc. J’avais peur d’écrire des personnages d’une autre race car je craignais de mal le faire. Cela aurait pu sonner faux venant d’un homme blanc.
Les Chroniques ont été importantes pour les gays ma génération. Avez-vous de nouveaux lecteurs, qui ont la vingtaine, ou plus jeunes? Oui. Ils me le font savoir. Je n’en ai pas autant que j’aimerais mais je pense que cela va changer avec Netflix. Il y a toujours des gens qui ont besoin d’être touchés, qui ont besoin de ressentir cela à propos d’eux-mêmes. La culture a évolué. Maintenant vous pouvez aller voir un film qui vous fera cet effet. J’imagine que toute une génération de jeunes gays a été changée par Brokeback Mountain. Les Chroniques de San Francisco ont touché des jeunes adolescents de 12 ou 13 ans quand elles étaient publiées dans le journal. Ils prenaient la partie du journal où se trouvait mon texte et le le lisaient en cachette. J’ai pu les toucher ainsi à cette époque, surtout à cette époque où dans les foyers il n’existait pas de vision joyeuse de l’homosexualité.
Quel est votre point de vue sur San Francisco aujourd’hui? Cela me brise le cœur. La ville est remplie de milliardaires privilégiés. Certains d’eux sont des gens bien, mais ce ne sont pas des gens intéressants. Si vous les écoutez discuter au café, ils ne parlent que d’une seule chose: la tech industry. Vous n’avez plus cette joie de voir des artistes qui galèrent un peu partout comme avant. Nous pensions à ça avec Christopher, mon mari, lorsque nous étions à Saint Malo pour un festival littéraire. Nous avons dîné avec un écrivain et sa femme, décoratrice de cinéma, et nous avons eu avec eux une conversation très riche, à la fois en français et en anglais. Ce n’était pas simple pour moi, mais c’était passionnant et tellement stimulant. San Francisco a toujours été une ville pour celles et ceux qui avaient de genre de chose à apporter. Aujourd’hui, les entreprises de la tech m’invitent pour être le pauvre écrivain de service et faire un discours. Je prends leur argent, car les écrivains doivent aussi gagner leur vie. Mais ce n’est plus la même ville.
Vous pensez que cela efface notre histoire gay? Je ne pense pas que cela efface l’histoire gay. Je pense que cela efface toute un pan de la riche histoire de San Francisco. Et le fossé entre riches et pauvres est spectaculaire. La classe moyenne a rapidement disparu. Les gens comme moi déménagent à Palm Springs ou ailleurs où ils ont les moyens de vivre. Je ne pourrai jamais m’offrir une maison à San Francisco. J’ai créé une maison très sympathique à San Francisco, mais je pourrais jamais y vivre, aussi humble fût-elle. Cela signifie que les sans-abris dorment dans les entrées en bas de la rue où je vis. C’est la chose la plus triste du monde. Parfois la nuit, on peut sentir la folie flotter dans les airs. J’essaie de ne pas être trop négatif sur le sujet car je suis souvent considéré comme « Monsieur San Francisco » donc je dois toujours dire à quelle point c’est une ville fantastique. Et c’est le cas. C’est toujours le cas. Mais cela disparaît.
Photo Xavier Héraud