Avignon off: 10 spectacles gay friendly
Un hommage bouleversant à Alan Turing, des danseurs nus, un ado en plein coming-out ou encore un voyage parmi les succès de la comédie musicale, Hornet a sélectionné pour vous 10 spectacles qui méritent le coup d’œil dans la profusion du festival Off d’Avignon. Avignon gay-friendly, c’est parti!
1 – La Machine de Turing (Théâtre Actuel – 12h05)
C’est notre coup de cœur de cette édition ! Un portrait en kaléidoscope de Alan Turing, Anglais de génie qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale, créa une machine capable de décrypter « Enigma », l’appareil qui chiffrait les ordres de l’armée nazie. Il a ainsi contribué à la victoire des Alliés tout en mettant en place les prémisses de l’informatique. Légèrement autiste, trop passionné et intelligent pour trouver sa place dans une société où la différence n’avait pas sa place, Turing était un idéaliste profondément marqué par la mort de son premier amant. Il fut condamné pour homosexualité au début des années 1950 avec, comme seules alternatives, la prison pour deux ans ou la castration chimique. On le retrouvera mort après avoir croqué une pomme imprégnée de cyanure, lui qui avait toujours été fasciné par Blanche-Neige.
Dans une très belle mise en scène parée d’écrans de projection, Benoit Solès (également auteur de la pièce) s’empare du rôle de Turing avec une ferveur confondante. À ses côtés, Amaury de Crayancour joue une galerie de personnages et passe d’une partition à l’autre avec tout autant de talent. On ressort bouleversé par cet hommage à un mathématicien hors normes qui a toujours fait de la vérité un principe de vie. Et on a du mal à croire qu’il a fallu attendre 2013 pour qu’il soit réhabilité à titre posthume par la Reine d’Angleterre et reconnu comme héros de guerre !
2 – Qui suis-je ? (11 . Gilgamesh-Belleville, 14h40)
Vincent est au collège. Il n’est pas très viril. On se moque un peu de lui. Et voilà qu’arrive un petit nouveau dont il va tomber amoureux… Cette situation a, certes, déjà été traitée mais Thomas Gornet sait parler avec beaucoup de justesse des questionnements liés au coming out. La scénographie, précise et très bien pensée, accompagne l’histoire de projections vidéos dans l’esprit des romans graphiques de Alison Bechdel. Pédagogique et artistique, Qui suis-je ? peut être un bon point d’accroche pour évoquer l’homosexualité auprès d’un public d’adolescents. Une alternative théâtrale à des films plus aseptisés comme Love, Simon.
3 – Ich bin Charlotte (Théâtre du Chêne Noir – 20h45 / Au Poche Montparnasse dès septembre)
Tirée d’une histoire vraie, la pièce retrace l’enquête de l’auteur Doug Wright pour percer le mystère de Charlotte von Mahlsdorf, travesti allemand qui a survécu au nazisme et au communisme et qui n’a eu de cesse de questionner la vérité, l’identité et la liberté.
4 – Anima Ardens (La Manufacture – 19h35 / En tournée en France et en Belgique en 2018-19)
Dans la lignée du travail d’Olivier Dubois, le chorégraphe belge Thierry Smits a imaginé une pièce chorégraphique en tenue d’Adam pour onze danseurs venus du monde entier. D’abord intrigués par cette nudité frontale, nous sommes rapidement happés par un voyage où les individus, d’abord autonomes, se rejoignent pour former une tribu guidée par la même rythmique, celle d’une transe aux élans chamaniques. Une mise à nue des corps sacrés terriblement intense, virile et esthétique.
5 – Lolla Wesh : Coucou (Théâtre de l’Ange – 22h30)
On connaît Lolla Wesh pour son célèbre « coucouuu » égrainé d’une voix rauque à la Fanny Ardant. Après avoir montré sa folie dans des vidéos sur Youtube, la drag queer blond.e platine s’offre son premier Avignon dans un seul.e en scène aussi drôle que sensible. Alors qu’elle attend son taxi, Lolla en profite pour nous donner quelques leçons sur le mouvement drag, parler mode, s’insurger contre les discriminations au sein de la communauté LGBTQi et se livrer à un petit cours de prévention sexuelle à destination des hétéros ! Pari réussi.
6 – Suite française (Théâtre du Balcon – 19h)
Aux commandes de cette très belle adaptation du roman de Irène Némirovsky, on retrouve plusieurs membres des Funambules et de 31 : Stéphane Laporte (adaptation), Virginie Lemoine (adaptation et mise en scène), Stéphane Corbin (musique)… Huis-clos sous fond d’Occupation et de résistance, la pièce commence comme un drame amoureux et dérive ensuite vers d’autres pistes où s’expriment la complexité et la véracité des rapports humains dans une période ambiguë de l’histoire. La mise en scène est sobre et classe à l’image des deux actrices principales Florence Pernel et Béatrice Agenin.
7 – Vous avez dit Broadway ? (Théâtre La Luna – 22h35 / Au Lucernaire dès septembre)
Dans une loge ornée d’affiches et de costumes made in Broadway, le belge Antoine Guillaume nous raconte comment est née sa passion pour la comédie musicale. Il mêle ses souvenirs d’adolescents à des anecdotes passionnantes sur l’histoire du musical. Accompagné au piano par Julie Delbart, il traverse ainsi en chansons plus d’un siècle de productions, de La Mélodie du bonheur à Sunset Boulevard en passant par Porgy and Bess, Cabaret, Le Roi lion ou encore Next to normal. L’occasion pour les non-initiés de se familiariser avec un genre parfois décrié et, pour les autres, de pousser la chansonnette avec leur hôte d’une soirée.
8 – La Nuit d’Elliot Fall (Théâtre du Roi René – 22h05)
La toute jeune Compagnie des rêves oubliés revisite la comédie musicale culte crée il y a huit ans par Vincent Daenen, Thierry Boulanger et Jean-Luc Révol. L’occasion de se replonger avec délice dans un monde queer et merveilleux où les contes de fées sont plus proches du Rocky Horror Picture show que de Disney.
9 – Jeremy Lorca – Viens, on se marre ! (Théâtre l’Autre Carnot – 11h45 / Au Théâtre du Marais dès septembre )
Dans son précédent one-man-show, il était à la recherche du Prince Charmant. Aujourd’hui, Jeremy Lorca a compris que « homme qui rit, à moitié dans son lit » et a donc décidé de miser à 200 % sur l’humour. Au programme : beaucoup de sexe, un peu de féminisme et de lutte contre l’homophobie, Netflix et le surimi, sans oublier la question essentielle : peut-on coucher avec un marchand de Kebab quand on est végétarienne ?
10 – Moi aussi je suis Barbara (Théâtre Le Petit Louvre – 16h25)
Un poulet aux pruneaux, un couteau de cuisine, un revolver et une des filles de la famille qui, la nuit venue, se prend pour la grande dame brune. Douze ans après Moi aussi je suis Catherine Deneuve, Pierre Notte nous régale d’un nouveau carnage familial autour d’un autre icône : Barbara.
Festival Off d’Avignon 2018, jusqu’au 29 juillet
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Photo couverture : © Fatih M. Kaynak