Casper présente « Bedtime stories » avec Trixie Mattel: Pourquoi elle abandonne la chemise de nuit et comment elle veut dominer le monde

Casper présente « Bedtime stories » avec Trixie Mattel: Pourquoi elle abandonne la chemise de nuit et comment elle veut dominer le monde

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Peu de drag-queens ont autant connu le succès depuis leur passage à RuPaul’s Drag Race. Nous avons rencontré Trixie Mattel, récemment couronnée dans le All Stars 3, pour notre série « Bedtime Stories », sponsorisée par Casper.

J’ai vu pour la première fois ce natif du Wisconsin dont le drag s’inspire de Barbie en 2015, lorsque Trixie Mattel est apparue dans la saison 7 de la célèbre compétition de drag-queens. Dans les trois années qui se sont écoulées, elle a réussi ce qu’aucune autre n’a fait: avoir sa propre émission de télé, le Trixie & Katya show sur Viceland, un rôle dans l’une des séries les plus populaires, American horror story, et avoir sorti non pas un mais deux albums — de folk music, s’il vous plaît — qui ont cartonné sur iTunes.

Trixie Mattel est aussi — oui, je l’assume — l’une des queens les plus drôles dans le panthéon de légendes issues de Drag Race, avec un esprit aussi vif que celui de Katya et Willam et aussi « polished » que quelques uns de vos comiques préférés.

Photo par Franz Szony

STEPHAN HORBELT, rédacteur en chef de Hornet: Trixie, bienvenue dans le tout premier épisode de notre série intitulée Bedtime stories. Considère cette interview comme une discussion agréable avant d’aller te coucher. Pour être honnête, je voyais pas de meilleure personne pour débuter cette série que toi, qui est actuellement au sommet de ta gloire…

Trixie Mattel: C’est parce que mon look me donne l’air fatigué que ça s’appelle « Bedtime »?

Stephan: [rires] J’allais justement remarquer que tu arbores des chemises de nuit sur scène depuis des années!

Trixie: Yes gawd!

Stephan: On peut parler d’ailleurs de l’amour de Trixie pour les chemises de nuit?

Trixie: Tu sais, il y a plusieurs raisons pour ça. J’ai un peu pris ma retraite des chemises de nuit, mais j’en ai porté pendant, disons, un an et demi. Quelques explications: un, la flemme. Deux, j’ai pris 15 kilos et personne ne me l’a fait remarquer. Trois  ça vient du fait que je dormais chez ma grand-mère quand j’étais petit. La famille de ma cousine Ashley avait beaucoup plus d’argent que la mienne, et elle avait toujours ces chemises de nuits, belle, incroyables et toutes droit sorties d’une boutique Disney. Quand je dormais chez ma grand-mère, j’avais toujours envie de les porter. Elles étaient si belles.

Stephan: Je sais que tu es maintenant dans une esthétique plus country, mais j’ai l’impression que tu tiens dans tes mains tout le marché de la chemise de nuit.

Trixie: Je sais qu’elles sont un peu ringardes, et que les gens s’en moquent, mais je les aime, c’est tout. Quand je vois des filles qui viennent à mes spectacles avec, je trouve qu’elles sont belles. J’ai jeté la plupart des miennes, mais j’en possède toujours une de couleur rose et je ne la jetterai jamais car pour moi elle représente une époque. Je ne sais pas pourquoi j’ai été si obsédé. J’ai été obsédé par… cette Barbie qu’ils ont fait pendant un moment avec qui on était censé dormir la nuit et qui avait un corps spongieux

Stephan: Je n’avais jamais entendu parler de ça. Je suis horrifié!

Trixie: Elle avait une tête en plastique — une tête de Barbie — mais un corps spongieux. Les enfants devaient pouvoir lui faire des câlins. Ce qui est aussi étrange, parce que Barbie est une femme adulte, qui n’a aucun lien de parenté avec vous. Tu vois où ce que je veux dire? Tu fais un câlin avec une version sans os d’une femme adulte.

Stephan: Mon dieu… Cela dit, j’imagine que ce n’est pas plus étrange qu’un My Buddy.

Trixie: Oh, chérie… Tu sais que j’ai déjà eu une pénétration complète avec un My Buddy! Ma famille, je crois qu’ils ne voulaient pas que je sois gay, donc ils ne voulaient pas m’acheter de Barbie, donc ils m’ont acheté des poupées Ken. J’ai pensé: « Vous ne voulez pas que je sois gay, donc vous me donnez un beau mec que je peux déshabiller autant que je veux? Intéressant, comme concept. »

Photo par Cyriel Jacobs

STEPHAN: Bien vu! Pour en revenir au lit, j’ai une petite idée de ton agenda chargé en ce moment, donc une question: Arrives-tu à dormir?

Trixie: Non, pas vraiment. Quand il m’arrive d’être dépassé, mes amis me font « laisse faire un de ceux qui travaillent pour toi. » Je fais genre « Qui ça? Vous pensez que des gens travaillent pour moi? ». Tu sais le people hétéro au plus bas de l’échelle de la célébrité  a toute une équipe avec lui. Par contre si tu es gay, peu importe à quel niveau du bas de l’échelle tu te trouves… Ce que je veux dire, c’est que si tu étais dans American Idol il y a 12 ans et que tu es parti en premier, tu as toujours droit à un jet privé. Si tu es gay, et que tu es booké chaque jour de ta vie, tu es toujours en train de tirer tes trois valises et ta guitare seul à l’aéroport.

Stephan: Sachant que tu passes autant de temps dans les avions, fais-tu partie de ces gens qui arrivent à dormir dans les avions?

Trixie: Oh, je peux dormir en étant debout.

Stephan: Parce que pour moi, il y a deux types de personnes: ceux qui dorment dans les avions et ceux qui n’y arrivent pas.

Trixie: Oui, certains, comme Thorgy Thor, m’ont dit qu’ils ne dormaient jamais en avion. Et je suis genre « Ok… » Mais elle boit beaucoup, donc je suis sûr qu’elle va trouver une solution. Je peux dormir n’importe où. Très honnêtement, je pourrais être assoupi en ce moment même. Je suis le genre de personne qui la nuit, alors que son mec est en train de lui parler, s’endort d’un coup. Juste quand il me dit « il y a quelque chose que je n’avais jamais dit avant », je me mets à ronfler…

Tous mes amis — en particuliers mes soeurs de Drag Race — me disent que ma musique les aident parfaitement à s’endormir. Je n’ai pas vraiment une voix de diva… J’ai un peu une voix de conteur, à la John Denver. Je pense que les gens apprécient ça.

Stephan: Je pense que c’est un très beau compliment. Quand je pense à la musique que je mets pour m’endormir, il y a certains des morceaux les plus beaux jamais écrits. Qu’est ce qu’il y a dans ta set-list de sommeil? Tu en as une?

Trixie: Oh, il y a quelques chansons qui m’apaisent à chaque fois. J’adore Aimee Mann. Elle possède cette voix très calme, très berceuse.

Stephan: Absolument. Save me, Red Vines. Tous les morceaux de la B.O. de Magnolia.

Trixie: C’est une légende. Toutes ses chansons sont des histoires et elle écrit en quelque sorte avec des devinettes. Très livre d’histoires, un peu comme Joanna Newsom. J’ai mes préférées, mais je ne suis pas un gay typique.

Stephan: Parlons de tes nouvelles chansons. Je me sens idiot parce que je n’ai réalisé que ce matin que les deux titres d’album  Two Birds et One Stone sont connectés [de l’expression kill two birds with one stone, l’équivalent de faire d’une pierre deux coups].

Trixie: Oui! C’est comme une oeuf de pâques. Toutefois, j’ai envie de dire… Je pense que le monde est un peu idiot, parce que ce n’est pas un oeuf de pâques très bien caché…

Stephan: Je suis fier d’avoir finalement relié les deux!

Trixie: Je suis obsédé par les chapitres et les volumes et les choses qui font partie d’une séquence. Quand j’ai fait Two birds… parce que comme tu le sais, je produis, réalise, écrit, joue et chante sur tous mes albums. J’avais peur que Two birds ne se vende pas, et quand en fait ça s’est très bien vendu, j’avais déjà cette idée en tête que je ferais un deuxième volume et que ça s’appellerait One Stone, donc c’est comme un disque d’accompagnement.

Le but est que ça soit écouté comme un seul album. Two birds est plus pour les émissions de radio matinales, coutent et le contenu c’est la rupture et je suis la victime, et ce qui m’arrive. Et One Stone, c’est plus un revival du folk des débuts et c’est plus genre « Eh bien, peut-être que le problème c’est toi. Peut-être que tu es le protagoniste de chaque histoire. » C’est comme quand tu vieillis et que tu réalises que tu es le responsable de tes propres malheurs la plupart du temps. Tu vois ce que je veux dire?

Stephan: Intéressant! Et ce nouvel album marche bien. Être numéro sur iTunes, ce n’est pas rien.

Trixie: J’écris toutes ces chansons moi-même, dans ma salle de bains, en buvant un Red Bull. Donc c’est plutôt cool de les voir partir de là et arriver où elles sont maintenant — avec des gens qui les achètent pour de vrai, tu vois? Crois-moi, c’est assez surréaliste d’être un travesti qui joue de l’autoharpe et de se voir en ouvrant Billboard magazine. C’est cool.

Stephan: Je suis d’accord. Tu mélanges très bien le drag avec la musique. Mais est-ce que cela a changé tes priorités?

Trixie: J’adore tellement faire du stand-up.

Stephan: J’ai vu ton spectacle à Provincetown l’année dernière et c’était de loin le meilleur de la ville.

Trixie: C’est super gentil. Merci.

Stephan: J’avais les larmes qui coulaient le long de mes jours pendant le spectacle. C’était parfait du début à la fin. J’ai hâte de voir le spectacle de cet été.

Trixie: La comédie est une seconde nature. J’aime écrire de la musique comme j’aime écrire des blagues. J’aime la science des mots. Tu sais, quand j’écris mes spectacles, c’est comme au cinéma quand il y a un tueur qui est la tête pensante du crime et qu’il y a des images et des épingles partout sur le mur. C’est un peu comme ça que je construis ces blagues.

Stephan: Comme dans un épisode de Homeland?

Trixie: Oui, exactement. Et j’écris la musique comme ponctuation entre deux numéros de stand-up. Donc si je fais une grande partie sur une rupture, je vais conclure avec une chanson originale sur le sujet. Ou si je fais une partie sur combien je suis blanc, je vais faire toute une série de blagues sur les blancs et puis chanter une version folk de Cover Girl, de RuPaul.

Je pense que mon nouveau spectacle s’appellera « Not a hugger » [« Pas du genre à prendre dans mes bras »]. Je trouve que c’est un super titre.

Stephan: J’adore.

Trixie: Ca ou Skinny legend. Je n’arrive pas à me décider.

Photo par Scotty Kirby

Stephan: Changeons de sujet. Sur Hornet, on a beaucoup parlé du Trixie et Katya show sur Viceland, qui est vraiment bien fichu. Katya a fait une pause et Bob the Drag Queen l’a remplacée brillamment. Katya est en quelque sorte revenue. Peux-tu nous dire certaines choses sur la suite des événements?

Trixie: Oh Katya est bien de retour, du moins elle s’est connectée sur Twitter. Mais Katya a toujours une barbe et elle ne fait pas de drag pour le moment. On a prouvé avec Bob, que ça s’appelle le Trixie et Katya Show et que Bob peut faire un super boulot. Je ne peux pas vraiment dire ce qu’on va faire pour la suite, mais le show est vraiment drôle. Je regarde les épisodes avec Bob, et je trouve que c’est aussi réussi, dans un genre différent. C’est toujours « I will always love you », mais il y a d’un côté la version de Dolly Parton et de l’autre, celle de Whitney Houston.

Il est clair que Katya et moi avons notre propre relation totalement nawak. Avec Bob qui est une queen noire de New York et moi qui suis une queen blanche de la campagne…

Stephan: La queen la plus blanche jamais sortie de la campagne…

Trixie: … littéralement la plus débilement caucasienne, au point où je devrais porter un collier qui dit « Blanche » — le show a une dynamique totalement différente. Quand on a dû trouver quelqu’un d’autre, j’ai immédiatement hurlé le nom de Bob et je suis content qu’elle ait pu venir.

J’ai un message exclusif pour Katya, cela dit.

Stephan: Ah oui, et quoi?

Trixie: Le Trixie et Katya show est diffusé tous les mercredis à 22h30 sur Viceland.

Stephan: Je ferai passer le message.

Trixie: [rires] Très bien!

Stephan: Donc avant que je te laisse aller au lit, je me suis dit qu’on pouvait faire une petite séance de questions/réponses rapides. Qu’est ce qui te fait lever le matin? Te fait perdre le sommeil? Et qu’est ce qui te donne des hauts le coeur?

Trixie: D’accord. Ce qui me réveille le matin ce sont les SMS et les emails, auxquels je répond depuis mon lit. Avant que je me brosse les dents ou quoi que ce soit, il faut que j’y réponde. Parce que je vis sur la Côte ouest, les gens m’ont envoyé des messages depuis des heures, en général.

Ce qui me tient éveillé, c’est qu’en général je tarde à me coucher, et j’angoisse sur le fait que j’ai trop veillé et à quel point je vais être fatigué et ensuite je n’arrive pas à dormir. C’est un cercle très vicieux.

Stephan: Pareil.

Trixie: J’aime aussi jouer aux jeux vidéos. Donc parfois je me dis que j’ai besoin de détente pour ma santé mentale. Et je me demande: « Qu’est ce qui est le plus important tout de suite? Mon sommeil ou ma santé mentale?. » Donc parfois, je laisser passer un peu de sommeil pour faire une petite pause mentale.

trixie mattel casper

Au lit avec Casper

Stephan: Il y a un jeu vidéo qui te tient éveillé?

Trixie: Oui. J’adore le jeu  Dead by Daylight sur PS4. J’ai un jeu d’horreur pour plusieurs joueurs. Je suis obsédé.

Stephan: Je ne sais pas comment tu fais pour jouer à un jeu vidéo d’horreur avant de te coucher!

Trixie: Dans l’obscurité, mama! Dans l’obscurité, avec mes écouteurs, pour avoir un son bien surround.

Stephan: Avec tes écouteurs? Donc si quelqu’un s’introduisant dans ton appartement et se tenait juste derrière toi, tu n’entendrais rien?

Trixie: Honnêtement s’ils m’ont trouvé et qu’ils sont parvenus à rentrer chez moi, ils méritent de me tuer. Parce qu’ils ont bien bossé, tu vois? Loin de moi l’idée de vouloir leur retirer ça…

Et ce qui me rend dingue. Je déteste ça: l’interaction quotidienne et le moment où tu dois simuler un rire. J’étais à l’aéroport l’autre jour et cette dame disait « Ouais, je vais à Hawaii » et le mec au desk fait « Ooh Hawaii, c’est super, dites moi si vous avec besoin d’un assistant là bas.  » Et la fille fait « Humm »… Elle le regardait et a fait « ha ha ha » et dès qu’elle sait retournée son rire s’est arrêté et son visage n’exprimait plus RIEN.

Je me suis demandé: « pourquoi faisons nous l’effort de produire cet espèce de faux rire? » Cela m’a tellement mis mal à l’aise de voir quelqu’un rire faussement, se retourner et être totalement quelqu’un d’autre. Je me demandais: « on est qui? » Ne fais pas de faux rire. C’est pas drôle.

Stephan: Je te remercie donc de tous tes faux rires pendant cette interview.

Trixie: Pas de souci.

Stephan: Ce n’est pas ce que tu es censée dire! Mais ce n’est pas grave, merci pour cette conversation, parce que je sais que tu es très occupée et c’est toujours un plaisir. Maintenant il est temps d’aller au lit. A bientôt!

Trixie: Bye!

Photo de Trixie Mattel par David Ayllon

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