Disparition de Jean-Pierre Michel, figure-clé du Pacs et du mariage pour tous

Disparition de Jean-Pierre Michel, figure-clé du Pacs et du mariage pour tous

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C’est une figure importante de la lutte pour l’égalité des droits en France qui disparaît. Jean-Pierre Michel, ancien sénateur et ancien député socialiste de la Haute-Saône, est mort hier dimanche 24 janvier à l’âge de 82 ans. Son nom est associé aux combats pour le Pacs et pour l’ouverture du mariage aux couples de même sexe.

Magistrat dans les années 70, il est l’un des fondateurs du syndicat de la magistrature. Il a été député de 1981 à 2002, puis sénateur de 2004 à 2014, et également le maire d’Héricourt pendant vingt ans.

Sur les réseaux sociaux de nombreuses personnalités politiques lui rendent hommage ce matin, à l’image de Patrick Bloche, qui fut co-rapporteur du Pacs avec lui:

Un engagement sur les questions LGBT de longue date

Son engagement pour les questions LGBT date des années 80. En 1985, il porte un amendement pour pénaliser la discrimination « en raison des moeurs » visant à punir les discriminations dont étaient victimes les gays et les lesbiennes.

Dans les années 90, il s’engage pour la création d’une union civile. Il est co-auteur et co-rapporteur du Pacs avec le député Patrick Bloche, voté en 1999 après un an de débats parlementaires houleux. Il racontera cette aventure dans un livre, L’incroyable histoire du Pacs (Kero), co-signé avec Patrick Bloche et le militant Denis Quinqueton, ancien président d’Homosexualité et Socialisme et codirecteur de l’Observatoire LGBT+ de la Fondation Jean-Jaurès.

Patrick Bloche, Jean-Pierre Michel et Denis Quinqueton aux Mots à la Bouche, pour la signature de « L’incroyable histoire du Pacs »

Lors des débats du mariage pour tous, il est rapporteur du texte au Sénat. Il se fait remarquer notamment par son refus d’auditionner la Manif pour tous, qui représente, écrit-il dans un courrier, « la pire des homophobies ». L’association porte plainte contre lui et perd son procès.

Conviction et détermination

Denis Quinqueton qui l’a connu en tant que militant au moment du Pacs se souvient avant tout de son opiniâtreté: « Il avait des convictions, il était déterminé. Ses convictions ont nourri sa détermination. Toutes les réformes qu’il a porté, il savait vraiment pourquoi il les portait, lui. Même dans les moments où ça tanguait que ce soit pour le pacs ou pendant le mariage pour tous, quand la majorité a commencé à s’inquiéter de la manif pour tous, il a fait partie des gens qui campaient sur leurs positions, qui disaient on ne s’arrête pas au milieu, on va jusqu’au bout et dans deux ans plus personne n’en reparlera.  »

Denis Quinqueton loue par ailleurs sa « capacité à prendre au sérieux les militants associatifs ». « Il ne il ne hiérarchisait pas les gens et ne regardait de haut les militants ».

La militante lesbienne Gwen Fauchois, ancienne militante à Act Up-Paris et qui suivait les débats du Pacs pour Radio FG et Illico, salue d’ailleurs la mémoire du parlementaire sur Twitter: « Parfois il faut à l’intersection des luttes collectives quelques personnalités acharnées pour débloquer les verrous, il en fut. Pendant ces longs mois de bataille parlementaires que fut la bataille du pacs, il avait été infatigable et omniprésent. Ce matin j’ai beaucoup de peine. N’oublions pas ce que fut sa part. »

Au delà de la politique, Denis Quinqueton décrit également un « personnage pétillant, très vif d’esprit »: « En privé il avait un regard très acéré sur ses contemporains. Parfois il distribuait des choses qui n’étaient pas complètement des compliments [rires]. C’est l’un des premiers députés que j’ai rencontrés, pour moi les députés c’était des gens guindés, raides dans leur costume. Lui ce n’était pas du tout ça. »

Photos: Xavier Héraud (Photo de une: manifestation en faveur du mariage pour tous, place Saint Sulpice à Paris, en 2013)

 

 

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