Crise interne, reprise des activités sportives, loi sport… on a discuté avec Eric Arassus, nouveau président de la FSGL

Crise interne, reprise des activités sportives, loi sport… on a discuté avec Eric Arassus, nouveau président de la FSGL

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Où en est le sport LGBT? La Fédération sportive gaie et lesbienne (FSGL) qui regroupe 46 associations et 6000 adhérent.e.s dans toute la France, vient d’élire un nouveau président.

Eric Arassus, formateur infirmier de 39 ans, a pris ses fonctions officiellement en mars après une grosse crise en interne, qui a vu la démission anticipée de son prédécesseur, Kevin Aujard.

Avec la Fédération, cet adhérent de l’association multisports Outsiders va devoir gérer la reprise des activités sportives, mises à l’arrêt avec la crise sanitaire, et faire avancer les revendications du sport LGBT au niveau politique.

Interview.

La FSGL sort d’une crise interne, le mandat du précédent président a été écourté. Quelles conséquences en avez-vous tirées?

Cela a été une période extrêmement difficile en interne. Nous avons essayé de régler ça entre et de ne pas faire trop de bruit. Nous avons fait un gros travail de renouvellement démocratique en interne. Nous avons lancé un questionnaire aux associations et beaucoup d’ateliers pour refonder nos instances démocratiques pour repartir sur de bonnes bases  et porter nos revendications. Il y a eu beaucoup de guerres d’égo. Il s’agissait de repartir de manière apaisée.

Le sujet du moment, c’est la proposition de loi sport et société, qui a été votée en première lecture à l’Assemblée Nationale le 19 mars. La FSGL a fait savoir qu’elle était mécontente de ce qui a été voté. Quelles mesures en attendiez-vous? 

La loi sport a été une entrée en matière pour moi. J’ai été élu officiellement le 13 mars et la loi est passée la semaine suivante. Nous avions fait un travail de lobby auprès de différents députés, de bords différents: Raphaël Gérard pour LREM et Bastien Lachaud pour LFI. Ils portaient huit amendements. Deux amendements concernant les personnes trans ont été adoptés, mais malheureusement, les six autres ne l’ont pas été. Ils avaient au départ été déclarés recevables avant de devenir irrecevables. Depuis, nous nous sommes entretenus avec le cabinet de Mme Maracineanu. Au début ça a été un peu compliqué et grâce à Raphaël Gérard, qui a servi d’intermédiaire, du coup on a pu avec une réunion de conciliation avec la ministre déléguée au sport. Du coup, ces amendements vont être retravaillés et représentés au Sénat sûrement fin juin.

Ces amendements portaient sur quoi, concrètement?

Nous demandions qu’il y ait un.e référent.e inclusion dans chaque fédération sportive. Et nous voyons qu’il y a une espèce de pouvoir contre Mme Maracineanu. Elle est un peu prise en otage. Nous sommes des sportif.ve.s amateurs et amatrices. Le sport professionnel a beaucoup de poids. La réélection de Noël Le Great par exemple à la FFF est une mauvaise nouvelle, vu ses déclarations sexistes et homophobes. Nous avons publié une tribune dans le Monde pour manifester notre inquiétude. On voit également qu’à la Fédération Française de Rugby, il n’y a pas une seule femme dans les instances de gouvernantes. Les personnes LGBT passent au second plan. Dans cette loi sport, nous existons peu ou pas. Même si nous savons que le Sénat est plus conservateur que l’Assemblée, nous espérons être entendus.

Travaillez-vous également avec Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances?

Oui, nous travaillons avec elle et c’est assez intéressant. Elle a indiqué que pour la mise en oeuvre de son plan il y aurait des indicateurs. Nous sommes concernés par la partie sport. Au début nous étions assez dubitatifs. Elle a lancé une plateforme de signalement de discriminations. Elle nous a dit qu’elle recevait énormément de signalements de discriminations en lien avec les LGBT-phobies. Nous venons tout juste de la rencontrer avec l’Inter-LGBT, Flag, le Mag, SOS Homophobie et Outrans. Nous lui avons fait part de notre inquiétude sur la loi de révision bioéthique, qui devrait ouvrir la PMA aux couples de femmes, parce qu’elle ne prend pas en compte les personnes trans, nous lui avons également fait part de notre inquiétude vis à vis des sénatrices et sénateurs qui ont voté un amendement sur la non-mixité. Elle nous entend et semble de bonne volonté. Malheureusement, nous constatons que dans ce gouvernement elle n’est pas toujours écoutée ou entendue.

La FSGL était très impliquée dans l’organisation des Gay Games de Paris en 2018. Comment la fédération se prépare-t-elle aux Gay Games de Hong Kong en 2022?

Le 17 mai, la Fondation FIER, dont les membres sont les héritiers et héritières des Gay Games, va présenter un label, Fier, qui va proposer de labeliser les fédérations sportives avec un certain nombre de recommandations qui ont été proposées à l’issue des Gay Games. Pour ce qui est des Gay Games de Hong Kong, il y a toujours une incertitude. Déjà, nous avons devant nous les Eurogames, qui sont censés se tenir cet été à Copenhague. Officiellement ils auront lieu, mais cela dépend de la crise sanitaire. Donc nous n’avons pas trop de réponse par rapport à Hong Kong. Certains sportifs s’y préparent. Mais ce n’est pas encore notre sujet. Nous nous y pencherons plutôt l’année prochaine. 2021 pour nous sera l’année de la reprise. On a quelques sports qui commencent à reprendre progressivement. On espère une belle reprise des activités d’ici cet été.

Le tournoi-phare de la FSGL, le Tournoi international de Paris (TIP) a dû être annulé l’an dernier. L’édition de cette année l’est-elle aussi?

Oui, le TIP est annulé. Et nous sommes en pleine réflexion pour la marche des fiertés. L’inter-LGBT nous a demandé de voter pour savoir si nous voulions faire une marche militante, mais sans char, ou si on ne fait rien du tout et on reporte à septembre, ou si on fait une pleine marche avec des apports financiers réduits. Nous sommes en questionnement sur ce sujet.

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