Les chants homophobes dans les stades? Du « folklore », selon la présidente de la Ligue de foot
Alors que la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a décidé de s’attaquer aux chants homophobes dans les stades, la présidente de la Ligue de Football Professionnel, Nathalie Boy de la Tour, répond que c’est le « folklore » des stades.
Tout est parti d’un match PSG-OM il y a quelques jours. La ministre y a assisté et a été scandalisée de ce qu’elle a entendu, comme elle l’a fait savoir sur Twitter.
On peut chanter à tue tête dans un stade et il n'y a rien de plus fort que d'encourager son équipe, mais certaines pratiques dans trop de stades sont inacceptables parce que dégradantes et haineuses. 1/2
— Roxana Maracineanu (@RoxaMaracineanu) March 23, 2019
Ce n'est pas parce qu'elles sont anciennes que ces pratiques doivent perdurer. Les insultes, homophobes notamment, sont interdites par la loi et elles seraient tolérables dans les stades? 2/2
— Roxana Maracineanu (@RoxaMaracineanu) March 23, 2019
Sur France Info, elle a précisé sa pensée: « J’ai assisté au dernier match Paris-SG – Marseille, a raconté la ministre des Sports. Il n’y avait pas de cris racistes, mais c’était juste inadmissible d’entendre les chants que j’ai entendus. C’était le PSG qui criait contre Marseille, et au lieu d’encourager leur équipe, ils disaient des choses horribles sur Marseille. Apparemment c’est historique, mais ce n’est juste pas possible. Moi je n’amènerais pas mes enfants dans un match comme cela ».
Roxana Maracineanu encourage donc la Ligue de Football Professionnel (LFP) a prendre des sanctions contre les clubs, dont les supporters franchissent la ligne rouge pendant les matchs.
Une proposition qui n’emballe pas vraiment Nathalie Boy de La Tour, présidente de la LFP, interrogée dans Le Parisien.
« Le folklore du foot »
La présidente insiste d’abord sur l’éducation et la prévention, en lien avec les associations de football LGBT. Sur les insultes homophobes dans les stades, elle relativise: « C’est le folklore, le folklore du foot… J’assiste à plus de cinquante matchs par an. Ce sont des propos qu’on entend régulièrement. Ça ne veut pas dire qu’ils sont acceptables, mais ils font partie de l’expression d’une ferveur populaire qu’il faut prendre comme telle. »
Ces propos ont beaucoup fait réagir. Ce matin, sur France Info, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité femmes/hommes et chargée de la lutte contre les LGBT-phobies, a estimé qu’on « ne peut pas admettre ce type de propos qui sont toujours utilisés pour faire exception à la lutte contre l’homophobie ». « Cela ne sert à rien de faire de la prévention contre l’homophobie dans les écoles si derrière dans les stades vous avez une banalisation des propos homophobes », a-t-elle ajouté.
L’homophobie dans les stades de foot est "un tabou, un fléau qui est souvent considéré comme du folklore", regrette Marlène Schiappa.
"Les chants homophobes, c’est le début de l’engrenage qui peut ensuite mener à la violence" #9h30Politique pic.twitter.com/ciAAM1Ksv9
— franceinfo (@franceinfo) March 26, 2019
Le collectif Rouge Direct quant à lui demande à la Ministre de convoquer la présidente de la Ligue pour « lui demander des comptes ».
Nous demandons au Ministère @Sports_gouv d'agir et de convoquer la Présidente de la @LFPfr Nathalie Boy de la Tour, pour qu'elle rende des comptes à la Ministre @RoxaMaracineanu, Ministère de tutelle@MarleneSchiappa @DILCRAH @stop_homophobie @PascalPraud https://t.co/pXK9DpNJ3G
— Rouge Direct (@RougeDirect) March 26, 2019
La LFP a signé un partenariat avec la Licra pour « mettre en place des observateurs et un réseau pour mieux identifier, cerner et recenser les propos racistes, antisémites, homophobes ou sexistes », explique Nathalie Boy de la Tour.