Tribune: « Pour l’histoire:  Sauvegarder les mémoires des mouvements LGBT+ » 

Tribune: « Pour l’histoire: Sauvegarder les mémoires des mouvements LGBT+ » 

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La sortie du film 120 battements par minute de Robin Campillo, son succès public et les récompenses qu’il a obtenus, ont permis de remettre la question des archives du mouvement LGBT+ à l’ordre du jour, après plus de deux années de travail et d’échanges autour de la Mairie de Paris et avec des dizaines d’associations variées.

Le mouvement LGBT+ est un mouvement de visibilité et d’émancipation qui a fait évoluer la société tout entière, sur un grand nombre de thématiques, grâce au travail bénévole de militantes et de militants qui ont régulièrement fait progresser notre pays:

Les archives du mouvement LGBT+ constituent une part non négligeable de la mémoire de notre société, de ses évolutions et de ses mutations. Une mémoire qui doit rester vivante et accessible, à recenser et à sauver de l’invisibilité, du déni et de la disparition.

Franchir une étape supplémentaire

Nous, militant·e·s d’associations LGBT+ de toutes les régions, d’associations anciennes ou plus récentes, sommes convaincu·e·s que c’est le moment d’avancer clairement et concrètement sur cette question.
Les intenses mobilisations du mariage pour tou.te.s sont derrière nous. Les plus ancien·ne·s de nos militant·e·s, quand ils ne sont pas mort·e·s du sida dans les années 80 et 90, sont aujourd’hui âgé·e·s. Ils et elles sont désireux·ses de passer le témoin de leurs luttes et nous voulons, nous, conserver, pour elles et pour eux, pour les nouvelles générations, mais surtout pour toute la société, ce qu’ont été leurs combats, et ce que sont les nôtres.

Nous devons engager le travail de mémoire tous azimuts: rassembler les documents et objets épars, recueillir des témoignages vivants et organiser ce fond pour transmettre aux générations qui viennent ce capital humain méconnu, unique et démocratique.

Si de nombreuses associations et personnalités se sont tournées et se tournent encore vers la Mairie de Paris avec plus ou moins d’énergie, c’est qu’il y a encore un peu urgence. Nous savons que Paris a une relation historique particulière avec la défense des droits humains, et parmi eux les droits des personnes LGBT+. Et la Mairie a su démontrer, depuis plusieurs mandats, son attachement à l’émancipation des individus.

Nous avons aussi été sensibles à différents gestes de la Ville de Paris qui ont permis de démontrer son action en faveur des mémoires LGBT+. Comme la réception en 2012, d’après son testament, des archives du militant pionnier, journaliste, auteur et archiviste Jean Le Bitoux, d’avoir vu Anne Hidalgo se prononcer dans le magazine « Garçon » en juin 2016 sur la question de ces archives, le don mi 2016 à la Ville de Paris de la riche bibliothèque personnelle d’André Baudry (décédé récemment cette année) qui fonda et anima la première association homosexuelle de France, ARCADIE, et encore en juin 2017 lors de la remise du rapport de Jean-Luc Roméro en faveur d’un projet de centre d’archives dédié.
Et ce projet de centre a suscité un enthousiasme, parmi les associations, qui ne s’est pas démenti. Nous sommes nombreuses et nombreux à vouloir faire partie de cette aventure. Des réunions ont aussi eu lieu en dehors de celles menées avec les pouvoirs publics, des groupes se sont montés pour s’emparer de ce sujet, discuter, élaborer et promouvoir, au sein de notre mouvement, cette question et son impérieuse nécessité.

Continuer un travail sur les archives déjà entamé

Alors, avançons tou·te·s ensemble ! Dans le calendrier décidé en commun par la Ville de Paris et les associations, plusieurs évènements sur les archives auront lieu en 2018 en 2019. Nous en serons ! Nous serons aussi de celles et de ceux qui abonderont l’amorce de fonds pré existant avec le box d’urgence, comprenant aussi le fond Jean Le Bitoux confié à la Mairie, d’autres fonds associatifs uniques déjà recueillis, comme le fond du « collectif Pacs », celui de l’ex SNEG, etc.

Le travail amorcé lors des réunions bénéficie de l’expérience et de la démarche professionnelles de plusieurs acteurs du patrimoine et de la mémoire, au premier plan desquels, les Archives nationales. Déjà dépositaires de la mémoire d’une partie du mouvement LGBT+, elles sont l’adjoint idéal de ce projet pour affirmer la valeur patrimoniale évidente de nos combats et de nos structures.

Pour avancer, il faut qu’avec les différentes structures publiques impliquées, l’État doive aussi affirmer et amener très rapidement un soutien fort à une association porteuse, fédératrice et reconnue par les acteurs associatifs de Paris, de l’Île-de-France – et au-delà ! – qui sera chargée de la gestion et de l’animation du futur vaste Centre d’archives définitif, prévu en 2020.

Le Centre LGBT de Paris-IdF, un choix évident

Pour nous, le Centre LGBT Paris-Île-de-France est la structure la plus adéquate, et, au final, la plus logique, car elle a déjà créé le 1er centre de documentation LGBT+ de France ouvert au public (5 jours par semaine, sur les 6 jours d’ouverture du Centre) comptant déjà plus de 10 000 documents consultables et déjà indexés sur leur site web.

Sa légitimité nous semble évidente, il fédère quelque 80 associations, en tous genres et de tous âges au cœur de l’Île-de-France, et il a noué des partenariats avec de nombreux acteurs institutionnels, dont la Mairie de Paris, la DILCRAH et la Région Île-de-France.

Il est le carrefour incontournable de nos vies militantes et, recevant chaque année plus de 17 000 visiteurs, a fait la démonstration de son importance et de son ouverture à tous les publics.

Maintenant, on avance !

La question des archives n’est pas un débat à préempter par tel ou telle. C’est un projet à construire et à pérenniser. Toutes les bonnes volontés, tous les professionnalismes, tous les engagements doivent être mobilisés. Pour fédérer les acteurs divers de ce chantier, le Centre LGBT Paris-Île-de-France, qui rassemble quelques 80 associations variées, dont la gouvernance est collégiale, transparente, démocratique et qui fête cette année ses 25 ans s’impose naturellement. Son expérience avérée pour organiser des évènements culturels pluralistes, des débats non sectaires, produire des contenus écrits, festivals et des expositions est aussi un atout majeur et un gage de sérieux…

Ensemble, organisons la visibilité des luttes et des revendications des mouvements LGBT+ pour les combats actuels et à venir, les nouvelles générations et tous les publics !

Ensemble, nous faisons le choix de la reconnaissance du travail accompli par le Centre pour avancer.

Ensemble, nous choisissons de prolonger le travail interassociatif le plus large et de nous engager dans ce qui est plus qu’un projet, la pierre angulaire de nos combats.

[Mise à jour] Le Centre LGBT nous signale qu’il a voté son adhésion au collectif Archives LGBQTI début juin.

 

Les premières associations signataires:
APGL (née en 1986),
Beit Haverim (né en 1977),
Paris 2018 Gay Games (né en 2013),
Shams France (née en 2015),
Grey Pride (née en 2016, dont sont membres AIDES, Acceptess-T, David & Jonathan…),
Fédération L’Autre Cercle (née en 1997),
Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, couvent de Paname (nées en 1990),
David & Jonathan (né en 1972),
Contact (né en 1993),
HES (née en 1983),
Fédération Sportive Gay & Lesbienne, FSGL (fédération nationale née en 1986, 45 associations),
Le Cercle du Marais (né en 1997),
PanamBoyz United (né en 2013),
GayLib (née en 2001),
Podium Paris (né en 2005),

 

Photo: Xavier Héraud

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