« Judy »: l’original vaut toujours mieux que la copie (même si la copie est pas mal)

« Judy »: l’original vaut toujours mieux que la copie (même si la copie est pas mal)

Be first to like this.

A quoi servent les biopics, ces films de fiction qui évoquent la vie d’une personne réelle, souvent un.e artiste (Tina Turner dans Tina, Ray Charles dans Ray, Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody, Elton John dans Rocketman, etc.)? La question se pose une nouvelle fois avec la sortie sur les écrans français de Judy ce mercredi 26 février.

Judy, c’est Judy Garland, l’une des plus grandes stars de la comédie musicale et du music-hall du XXème siècle. Le film, adapté de la pièce End of the rainbow, de Peter Quilter, chronique la dernière année de sa vie, qui la voit se produire à Londres pour une série de concerts, alors que ses problèmes de santé et d’accoutumance aux médicaments deviennent de plus en plus problématiques. En flash-backs on voit aussi les début de la jeune Judy au sein du studio MGM et la véritable torture physique et mentale qu’elle doit subir, tout ça au nom du septième art.

Rôle à Oscar

Alors à quoi servent les biopics? Déjà à fabriquer des rôles à Oscars. Rami Malek l’a obtenu pour Bohemian Rhapsody, Jamie Foxx pour Ray et Renée Zellweger n’a pas fait exception en décrochant elle aussi la statuette de meilleure actrice à la dernière cérémonie des Oscars — on se demande encore pourquoi Angela Bassett ne l’a pas eu pour Tina, soit dit en passant. Et puisque les biopics sont en général consacrés à des personnages hors du commun, celles/ceux qui les interprètent doivent en faire des tonnes pour leur ressembler, jusque (et surtout, a-t-on envie de dire) leurs maniérismes. Dans le rôle de Judy Garland, Renée Zellweger n’y va pas avec le dos de la cuiller. Ce qui, soyons clairs, n’est pas forcément une mauvaise chose. La magie opère parfois en effet, quand l’actrice parvient à donner vie à ce mélange si particulier de force et de fragilité qui émanait de son aînée. Et puis parfois la performance prend presque trop de place et l’on ne peut s’empêcher de penser « tout ça pour  l’Oscar »… Jadis, on disait que les drag-queens préféraient imiter Barbra Streisand plutôt que Judy Garland parce que celle-ci était trop difficile à cerner. Il y a peut-être du vrai.

Une belle scène chez un couple gay

L’une des scènes les plus réussies de Judy est peut-être celle où elle se rend après un concert chez un couple gay, qui vient la voir tous les soirs. Face à la simplicité de ces hommes et au drame qu’ils ont vécu, comme nombre de ses fans, le monstre du show business redevient humain. On a ainsi un bel aperçu de la place importante qu’occupa Judy Garland dans le coeur des gays des années 40 aux années 60. A l’époque, on demandait à quelqu’un s’il était un « ami de Dorothy » (son personnage dans le Magicien d’Oz) pour savoir s’il était lui aussi homosexuel.

Voir la bande-annonce de Judy (attention, cette bande-annonce est quasiment un résumé du film) :

A quoi servent les biopics? Liza Minnelli (Oscar de la meilleure actrice pour Cabaret), que l’on aperçoit brièvement dans le film, a fait savoir qu’elle n’approuvait pas le projet consacré à sa mère. On peut la comprendre, même si finalement, on peut se réjouir que les nouvelles générations puissent elles aussi connaître l’histoire de sa mère. Car cette dernière a illuminé de sa présence et de sa voix des classiques de l’âge d’or d’Hollywood comme Le magicien d’Oz, bien sûr, mais aussi Le chant du Missouri (où figure la fameuse Trolley Song) ou Une étoile est née (où elle chante le poignant The man that got away). Mais c’est sur scène qu’elle semblait donner sa pleine mesure et s’il ne faut retenir qu’un album d’elle, c’est incontestablement Judy at Carnegie Hall. Le concert qu’elle y a donné le 23 avril 1961 a longtemps été considéré comme « la plus grande nuit de l’histoire du show business ». Ecoutez donc la version extraordinaire d’Over the Rainbow qui y figure. Vous verrez qu’il en va des biopics comme beaucoup d’autres domaines: l’original vaut toujours mieux que la copie, même si la copie reste somme toute honnête.

 

 

Related Stories

Variole du singe (Monkeypox): les recommandations du ministère de la Santé
Théâtre: "Tom à la ferme": l'homophobie est dans le pré
Drag Race France: le cast et la date de diffusion dévoilés!
"Le journal d'Andy Warhol", le pape du pop art côté intime
Quantcast