La Haute Cour du Kenya pourrait mettre fin à la criminalisation de l’homosexualité dans ce pays… et ailleurs en Afrique
L’homosexualité est aujourd’hui illégale dans 34 des 54 pays que compte le continent africain, principalement à cause de lois héritées de la colonisation britannique mais aussi des missionnaires évangéliques américains. Au Kenya, par exemple, l’homosexualité peut valoir quatorze ans de prison. Mais la Haute Cour de ce pays pourrait prochainement légaliser l’homosexualité, avec, à la clef, de possible conséquences positives pour les droits LGBT sur tout le continent africain.
Durant trois jours d’audience, la Haute Cour a examiné les articles du Code pénal kényan qui criminalisent « les relations charnelles contre l’ordre de la nature« , « les pratiques indécentes entre hommes » et les hommes qui commettent « tout acte indécent avec un autre homme« . Ceux qui dénoncent ces articles estiment qu’ils entrent en contradiction avec la Constitution kényane, qui promet à tous les citoyens du pays une protection juridique contre les discriminations et la violence.
Hornet a récemment lancé la campagne #DecriminalizeLGBT afin de faire connaître l’existence de telles lois homophobes et pour soutenir les efforts en vue d’une décriminalisation mondiale de l’homosexualité.
Njeri Gateru, cofondateur et chef juridique de la Commission nationale des droits humains des personnes gays et lesbiennes (National Gay and Lesbian Human Rights Commission, NGLHRC), une organisation kényane, estime que ces articles devraient être abrogés. Il a ainsi demandé au ministre de la Justice de son pays ce qu’étaient « les relations charnelles contre l’ordre de la nature« . Le ministre a répondu que cela englobait « tous les actes sexuels non-procréatifs« .
Gateru a fait remarquer que cela incluait alors « la fellation, la sodomie, la masturbation, les rapports sexuels avec une femme enceinte ou qui n’a pas d’utérus et ceux avec un homme stérile« . Et pourtant, ces articles de loi réprimant « les relations charnelles contre l’ordre de la nature » ne sont utilisés que pour persécuter les homosexuels.
D’après la chaîne de télévision américaine CNN, un rapport du Parlement kényan a révélé en 2014 que 595 procès pour homosexualité avaient eu lieu entre 2010 et 2014.
Mais ce n’est pas tout. L’existence même de lois contre l’homosexualité suffit à exposer les personnes LGBT kényanes à de nombreuses discriminations : harcèlement, agressions, licenciement abusif, renvoi et viols dit « correctifs ». Ces lois dissuadent les victimes de porter plainte, par crainte d’être elles-mêmes arrêtées en raison de leur homosexualité. C’est ainsi que les crimes homophobes restent le plus souvent impunis.
Le Forum des Professionnels Chrétiens du Kenya (Kenyan Christian Professionals Forum, KCPF), une organisation religieuse anti-gay, soutient les articles homophobes du Code pénal kényan et affirme qu’ils reflètent les convictions d’un pays où 84,8% de la population se déclare chrétienne.
Le KCPF, la NGLHRC et deux autres organisations kényanes de défense des droits LGBT ont assisté aux audiences de la Haute Cour qui se sont déroulées en février et en mars au Palais de Justice de Milimani, à Nairobi. Les juges feront connaître la date du rendu de leur décision le 26 avril.
Mais B. Maina, un gay kényan, n’est pas très optimiste. « Nous sommes stigmatisé depuis si longtemps, politiquement, socialement, économiquement et religieusement. La loi n’est pas de notre côté » a-t-il déclaré.
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Photo de Une par DMEPhotography via iStock