Mugabe, mort d’un dictateur homophobe
Robert Mugabe, président du Zimbabwe de 1980 à 2017, est mort hier à l’âge de 95 ans. Héros de l’indépendance de son pays, il en est ensuite devenu un président autoritaire, qui n’aura quitté le pouvoir que sur intervention de l’armée, à 93 ans.
Les dernières années de son règne ont été marquées par une homophobie virulente, proclamée en public à maintes reprises, dans ce pays où l’homosexualité était un délit.
« C’est un comportement de chien », déclarait-il en 2010 à propos de l’homosexualité, en s’excusant après auprès « des chiens et des cochons innocents » [il les comparait aussi régulièrement à des porcs].
«Les personnes qui ont des comportements homosexuels sont juste folles. Ça n’est que folie, insanité. Nous ne pouvons pas faire cela ou les morts se retourneront dans leur tombe. En faisant cela vous détruisez la nation»., ajoutait-il la même année.
En 2011, le Premier ministre britannique David Cameron avait laissé entendre qu’il pourrait ne plus financer certains programmes d’aide au Zimbabwe si le pays continuait à persécuter les gays et les lesbiennes. «Cela devient pire et satanique avec un premier ministre comme Cameron qui déclare que les pays qui veulent l’aide britannique devraient accepter l’homosexualité. Venir avec cette suggestion diabolique à notre peuple est une offre stupide. Ne vous laissez pas tenter par ça. Vous êtes jeunes. Nous vous punirons sévèrement. C’est condamné par la nature. C’est condamné par les insectes et c’est pourquoi j’ai dit qu’ils étaient pires que les porcs et les chiens», lui avait-il répondu.
En 2015, à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies, il avait critiqué les appels à dépénaliser l’homosexualité:
«Il n’est nulle part écrit dans la charte que certains doivent nous juger […]. Nous condamnons les tentatives d’ajouter de nouveaux droits qui sont contraire à nos normes, nos croyances, nos valeurs et nos traditions. Nous ne sommes pas gays!»
Le militant gay anglais Peter Tatchell, qui avait été tabassé par les gardes du corps de l’ancien président, qu’il avait tenté d’ »arrêter », lors d’un déplacement à Bruxelles en 2001, a évidemment réagi sur Twitter:
« Robert Mugabe est mort. Il était un héros de libération devenu un tyran. Il a tué plus de noirs africains que le sinistre régime d’apartheid en Afrique du Sida. Son massacre de 20 000 personnes au Matabeleland dans les années 80 est l’équivalent du massacre de Sharpeville chaque jour pendant neuf mois. Honte à lui. »
Robert Mugabe is dead. He was a liberation hero turned tyrant. He killed more black Africans than the evil apartheid regime in South Africa. His massacre of 20,000 people in Matabeleland in the 1980s was the equivalent of a Sharpeville massacre every day for nine months! SHAME! pic.twitter.com/FvQbj2qwZr
— Peter Tatchell (@PeterTatchell) September 6, 2019