Théâtre: « Tom à la ferme »: l’homophobie est dans le pré

Théâtre: « Tom à la ferme »: l’homophobie est dans le pré

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Tom à la ferme, la pièce de Michel Marc Bouchard, se joue actuellement à Paris au théâtre La manufacture des abbesses. Vous connaissez peut-être déjà sa brillante adaptation par Xavier Dolan, en 2013.

Créée en 2011 à Montréal, la pièce raconte l’histoire de Tom, un jeune publicitaire, qui se rend dans la famille de son compagnon, décédé dans un accident de la route. La famille vit dans une ferme reculée du Québec. Tom y fait la connaissance de la mère de son ami, qui ne connaît manifestement pas son existence, et celle du grand frère de son amant, qui comprend vite qui il est et qui veut cacher la vérité à tout prix à sa mère, quitte à user de la violence physique et psychologique.

La mise est en scène de cette adaptation française est signée de Vincent Marbeau (à droite sur la photo de une), qui interprète également le rôle de Tom. Il a découvert le texte de Michel Marc Bouchard après avoir vu une autre pièce de l’auteur québécois, Les Feluettes. « Ce qui m’a frappé, c’est l’écriture de Bouchard, qui est très poétique et en même temps très concrète, nous explique-t-il au téléphone. Et le contexte, cette répression de l’homosexualité qui est marquante et qui est malheureusement toujours d’actualité. »

Léonard Barbier et Lydie Rigaud, dans Tom à la ferme, à la Manufacture des abbesses.

« Le film de Xavier Dolan ne m’a pas influencé »

Le texte a évidemment obtenu un surcroît de visibilité avec l’adaptation de Xavier Dolan. S’il est parfois difficile d’adapter une oeuvre qui a déjà une adaptation célèbre, cela n’a pas gêné Vincent Marbeau: « J’aime beaucoup le film de Dolan, mais je n’ai pas l’impression qu’il m’ait influencé. Je suis parti d’un terrain vierge pour adapter la pièce, avec ce que je suis moi,  avec ce que les comédiens que j’ai réunis sont, ça donne forcément quelque chose de différent. Chaque personnage est vraiment très double. Ils ont tous pas mal de fêlures. J’ai essayé de monter ça en gardant un côté objectif, sans marquer trop ce qu’il y avait à marquer dans chacun des personnages. »

Le texte original a dû être adapté et raccourci pour pouvoir tenir dans le créneau alloué par le théâtre. Mais Vincent Marbeau a eu la bénédiction de Michel Marc Bouchard: « Il aime que les metteurs en scène qui choisissent de le monter s’en emparent  et disent quelque chose qui leur soit personnel, explique l’artiste français. Il donne beaucoup de liberté et il a beaucoup de bienveillance. »

Pour sa mise en scène, Vincent Marbeau confie avoir « voulu montrer le côté mental de Tom ». « C’est pour ça qu’il y a une partie très noire et très vide du plateau, qui représente cela, indique-t-il. Je voulais vraiment partie des comédiens et du texte pour faire naître toute la pièce qui est autour. » Il précise qu’en raison des contraintes de temps et d’installation de décors imposées par la Manufacture des abbesses, cette adaptation n’est qu’une « ébauche de ce qu'[il] espère pouvoir faire dans un autre théâtre ».

Lui qui a monté Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce en 2016, voit-il un parallèle entre l’auteur français, mort en 1995 et l’auteur canadien? « Lagarce c’est vraiment un autre langage, très particulier, répond-il. C’est un théâtre qui ne triche pas. C’est pour ça que ce n’est pas totalement incohérent de faire du Lagarce et du Bouchard. Ce qui m’intéressait quand j’ai monté Lagarce, c’est les rapports et le rapport aux lieux aussi. » Deux caractéristiques que l’on retrouve effectivement dans Tom à la ferme et qui sont joliment mis en valeur dans cette adaptation de Vincent Marbeau.

Tom à la ferme, du 8 octobre du mercredi au samedi à 19h, à la Manufacture des abbesses, 7, rue Véron, Paris XVIIIème. Avec Vincent Marbeau, Lydie Rigaud, Léonard Barbier et Milena Hernandez. Mise en scène: Vincent Marbeau. 

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