L’addiction sexuelle est officiellement reconnue comme une maladie mentale, mais est-ce une bonne nouvelle ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de reconnaître l’addiction sexuelle comme un trouble mental dans la onzième édition de sa Classification internationale des maladies (la CIM-11), le manuel dont elle se sert pour diagnostiquer et traiter les maladies aussi bien physiologiques que mentales. Le New York Post écrit ainsi que « pour la première fois, les comportements sexuels compulsifs sont reconnus comme une maladie mentale« , mais ce n’est pas tout à fait exact. Penchons-nous donc sur la façon dont l’OMS définit l’addiction sexuelle et sur en quoi cette définition diffère des précédents diagnostics psycho-sexuels.
Qu’est-ce que l’addiction sexuelle ?
L’OMS définit l’addiction sexuelle comme « une incapacité persistante à contrôler des besoins ou des impulsions sexuels intenses et répétés, conduisant à un comportement sexuel répétitif« .
Les professionnels de santé spécialisés dans l’addiction aux drogues s’accordent à dire que l’addiction n’est pas définie par la fréquence à laquelle vous faîtes quelque chose, mais plutôt sur l’impact sur votre vie personnelle de cette action répétée. De la même façon, l’OMS estime que les symptômes principaux de l’addiction sexuelle surviennent lorsqu’une personne fait du sexe son centre d’intérêt principal, souvent au détriment de sa propre santé, de ses responsabilités, de ses autres centres d’intérêt et de son bien-être.
L’OMS ajoute que pour que le comportement sexuel de quelqu’un soit considéré comme une addiction, il faut qu’il persiste pendant au moins six mois et qu’il soit source de détresse dans la vie de cette personne.
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La Dr. Valerie Voon, du Collège royal des psychiatres, affirme qu’on estime que trois à six pour cent des adultes américains souffrent d’addiction sexuelle.
Ce n’est pas la première fois qu’un comportement sexuel excessif est considéré comme un trouble mental
Même si l’addiction sexuelle ne fait pas officiellement partie des troubles mentaux répertoriés dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (plus connu sous le nom de DSM, pour Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) édité par l’Association américaine de psychiatrie, le DSM comprend bien une liste des « troubles sexuels non-spécifiés » qui peut servir de base à un diagnostique pour une personne ayant eu une succession de partenaires ne représentant guère plus pour elle que des objets sexuels.
Même les éditions précédentes de la Classification internationale des maladies publiée par l’OMS faisaient mention d’un « besoin sexuel excessif« , défini comme « un trouble sexuel qui n’est pas dû à une quelconque substance ou à un problème physiologique connu« . La « masturbation excessive » y était également déjà répertoriée et définie comme « un problème émotionnel et comportemental qui survient généralement durant l’enfance et l’adolescence« .
Certaines personnes craignent que catégoriser l’addiction sexuelle comme un trouble mental stigmatise les personnes qui ont une forte libido. Ou encore que cela serve d’excuse aux personnes adultères et aux agresseurs sexuels (« ce n’est pas ma faute, je suis accro au sexe !« ).
Mais toutes les addictions reposent sur des raisons psychologiques. Un professionnel de la santé mentale entraîné devrait être capable de traiter le comportement sexuel compulsif de ses clients sans jugement et sans considérer qu’avoir une forte libido est un problème en soi.
Que pensez-vous de la reconnaissance par l’OMS de l’addiction sexuelle comme un trouble mental ?