A Beyrouth, la lutte contre le sida n’oublie pas les LGBT
Mi-mars, plusieurs associations libanaises de lutte contre le sida, un militant de l’association pan européenne EATG et votre serviteur se sont retrouvés à Beyrouth, capitale du Liban, pour discuter ensemble des meilleures stratégies afin de favoriser l’accès au dépistage, le lien vers le soin et la prise en charge et la lutte contre les discriminations. L’occasion de découvrir un tissu associatif riche et très engagé au Liban.
La région du Moyen Orient, celle du Proche Orient et du nord de l’Afrique font partie des zones les moins touchées par l’épidémie. En 2016, Onusida estimait qu’il y avait 230 000 personnes vivant avec le VIH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Mais au Liban et principalement à Beyrouth, l’immense majorité des nouvelles infections est concentrée parmi les gays et les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH). Si les autorités sanitaires semblent à l’écoute des associations, il reste encore du chemin à faire pour les gays. Un exemple? Selon le programme national de lutte contre le sida, la PrEP, le traitement préventif, est disponible au Liban, mais seulement pour les couples sérodiscordants hétérosexuels et mariés!
Durant la matinée, cinq associations libanaises ont présenté leurs actions. Difficile de résumer l’ensemble de ce qui est accompli. Nous nous arrêterons sur les actions de deux associations ciblant en particulier les personnes LGBT.
Des brochures de Proud
Proud
En trois ans, entre 2014 et 2917, Proud a pu faire bénéficier plus de 2490 personnes de ses services et en particulier le soutien psychologique, ou encore des conseils médicaux et juridiques. Proud agit dans les villes de Beyrouth, Tripoli et Zahle. Support + est un groupe d’autosupport pour les personnes LGBTIQ vivant avec le VIH. Le but de ce groupe, dirigé par deux personnes séropositives, est d’aider les personnes vivant avec le VIH au sein de la communauté LGBTIQ et de soutenir les individus récemment infectés. Proud est également intervenu dans 7 centres de détention du Liban entre août 2017 et janvier 2018.
Marsa
En arabe, Marsa est le nom du dock, qui correspond à un lieu sûr pour les bateaux avant de prendre la mer. Créée en 2010, l’association vient d’emménager dans des locaux modernes et beaucoup plus vastes. Lors de la visite improvisée que nous avons pu faire à l’issue de la réunion, Diana, directrice exécutive de Marsa, m’explique que tout le monde est bienvenu dans ce centre de santé sexuelle. Cependant, des efforts particuliers sont entrepris pour acceuillir les personnes issues des populations vulnérables, et en particulier les femmes isolées et les personnes LGBT. Marsa permet de réaliser tout type de test de dépistage (VIH, IST, hépatites) et propose aussi des consultations médicales, des vaccinations, des conseils diététiques. Très présente sur les réseaux sociaux, l’association produit aussi des vidéos éducatives, comme celle-ci consacrée au préservatif. Elle a été réalisée avec le concours du chanteur libanais ouvertement gay Hamed Sinno et de Yumna Ghandour, membre du premier groupe féminin punk au Liban, Deepthroat.
Le laboratoire Gilead, à l’initiative de cette rencontre, s’est engagé à soutenir des actions innovantes en matière d’accès au dépistage et aux soins et de lutte contre les discriminations. Le Liban fait figure d’exemple dans une région en proie au chaos, en Syrie, à deux heures de Beyrouth, ou qui voit des pays entiers soumis à des régimes très autoritaires.
Photo ramzihachicho via istock