« L’Escale », une colocation pour cinq jeunes lesbiennes en situation d’errance

« L’Escale », une colocation pour cinq jeunes lesbiennes en situation d’errance

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Une petite foule est venue inaugurer lundi soir le nouvel appartement fruit d’un partenariat entre la ville de Paris et l’association Basiliade. Situé dans le XVIIIème arrondissement de Paris, avec une vue spectaculaire sur le Sacré Coeur, ce logement flambant neuf, désigné sous le nom de « L’Escale », héberge cinq jeunes femmes lesbiennes, qui étaient jusqu’ici en situation d’errance en raison notamment de leur homosexualité.

Plusieurs élu.e.s parisien.ne.s étaient présent.e.s, parmi lesquels Ian Brossat (photo ci-dessus, au centre), adjoint chargé du logement, Jean-Luc Roméro-Michel, adjoint chargé de la lutte contre les discriminations, les représentants du bailleurs social Elogie-Siemp et des représentants des associations Basiliade et Les dégommeuses.

Les résidentes de « L’Escale » ont entre 20 à 28 ans. L’une d’elle est originaire d’Afrique du Nord, les autres d’Afrique sub-saharienne. Elles ont toutes quitté leur pays en raison de leur orientation sexuelle. Installées ici depuis noël, elles faisaient visiter avec enthousiasme leur nouveau lieu de vie aux visiteurs et visiteuses ce lundi.

Recherche-action

Ce projet est le fruit d’une recherche-action menée par Noemi Stella, chercheuse à l’EHESS. Pendant trois ans, cette dernière suit une cinquantaine de personnes en situation de précarité au sens large (logement, demanded’asile, etc.) Il s’agit d’abord de définir leurs besoins, puis de voir comment on peut y remédier.

Noemi Stella était évidemment présente lundi soir et nous a expliqué son projet:

« Au bout d’un an et demi on s’est rendu compte que le fil rouge c’était le logement. Aujourd’hui les dispositifs d’hébergement sont saturés de partout, on le voit avec les rapports du Samu Social ou de la Fondation Abbé Pierre. Et quand tu arrives dans un hébergement, si tu es lgbt, il y a la crainte d’être outé par d’autres personnes, de subir des violences. Parmi les 50 personnes que je suis, beaucoup m’ont rapporté des violences, des attouchements sous la douche, des personnes qui écrivent « pédale » sur leur porte. »

« Avec le covid des situations déjà précaires sont devenues invivables, notamment pour les personnes qui partageaint des chambres avec d’autres personnes qui ne savaient pas si elles étaient lesbiennes ou s’ils étaient gays. Il y a eu des mises à la rue, poursuit-elle. On a dû réagir tout de suite. »

La ville de Paris et le bailleur social Elogie Siemp ont ainsi mis à disposition un premier appartement pour trois personnes à Belleville en septembre dernier. Celui inauguré lundi est le deuxième. Un troisième doit suivre prochainement.

« Havre lesbien »

Trois des résidentes de l’Escale sont membres des Dégommeuses, l’association lesbienne de football. Pour Veronica Noseda, qui représentait l’association lundi soir, L’Escale est un véritable « havre lesbien ». Elle raconte comment Les Dégommeuses se sont retrouvées partie prenante du projet:

« On a dû un peu insister pour qu’il y a un appartement pour des lesbiennes, explique-t-elle. On a vu qu’il y avait déjà un appartement porté par Basiliade qui accueille trois gays. On a fait un tweet. Basiliade a eu la lucidité et le sens politique de nous appeler pour qu’on discute. Et nous sommes rentrées dans ce projet. Notre rôle est un rôle d’orientation. Nous avons beaucoup de joueuses en précarité chez les Dégommeuses, donc certaines avec un parcours de migration et parmi elles plusieurs ont des problèmes de logement. Avec le covid, ça a été la catastrophe. On faisait déjà de l’entraide sociale entre nous, mais là on a dû faire un saut qualitatif. Ce projet ouvre aussi de nouveaux horizons pour notre association, même si le coeur de notre activité reste le foot »

Alice Coffin, conseillère de Paris, autrice du livre Le Génie Lesbien, avait également fait le déplacement. La nouvelle élue (EELV) ne boudait pas son plaisir devant cette première colocation lesbienne solidaire:

« La situation des lesbiennes est assez systématiquement laissée de côté. Je trouve ça absolument génial qu’il y ait une réaction là-dessus au niveau parisien, parce que c’est encore quelque chose de très rare. Cela a fonctionné entre les personnes cibles de cette discrimination là, qui ont besoin de logement, le réseau militant avec Basiliade et Les Dégommeuses et la ville de Paris. On a eu le cercle vertueux qui s’est enclenché, j’espère que cela pourra être démultiplié. »

Alice Coffin, Veronica Noseda et Noemi Stella (de dos)

Accompagnement global

L’Escale ce n’est pas juste un logement, c’est un aussi un accompagnement global. Les jeunes femmes sont suivies par un psychologue, une juriste, quelqu’un pour l’orientation professionnelle, une assistante sociale, des médecins et une infirmière.

« Ces endroits sont safe, on se retrouve avec des personnes qui nous respectent, avec qui il n’y a pas de risque d’être outé, explique Noemi Stella. On peut amener sa copine, etc. Dans les centres, on ne peut jamais héberger le ou la partenaire. Là, tout le monde peut vivre ses amours ou sa sexualité comme il ou elle le souhaite. »

Et surtout, les jeunes femmes peuvent rester dans l’appartement aussi longtemps qu’elles le désirent. « Elles sont là le temps qu’il faut », précise Noemi Stella.

 

 

 

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