OutRight Action International, l’ONG qui se bat pour nos droits et contre la criminalisation des LGBT

OutRight Action International, l’ONG qui se bat pour nos droits et contre la criminalisation des LGBT

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OutRight Action International est en première ligne pour faire avancer et défendre les droits LGBT à travers le monde. Nous avons eu le privilège de discuter avec Jessica Stern, la directrice exécutive de cette ONG-phare dans la défense des droits humains, afin d’en savoir plus sur les incroyables efforts qu’elle déploie pour améliorer la vie des personnes LGBT à travers le monde.

Dans le cadre de notre campagne #DecriminalizeLGBT, qui est actuellement en cours, nous voulons mettre en valeur des ONG comme OutRight Action International parce que le travail qu’elles effectuent est crucial. Les personnes LGBT sont passibles de peine de prison (ou même de la peine de mort) dans plus de 70 pays à travers le monde. Certains gouvernements deviennent de plus en plus hostiles à l’égard de la communauté LGBT. Des gens sont arrêtés, torturés et assassinés. Le combat pour les droits LGBT est difficile, mais des ONG comme OutRight peuvent nous aider à le remporter.

HORNET : Certains gouvernements se montrent de plus en plus hostiles à l’égard des personnes LGBT. Que peut-on faire pour contrer cette vague de conservatisme et de LGBTphobie ?

JESSICA STERN : Nous devons tenir ces gouvernements responsables des immenses violations des droits humains qu’ils commettent contre les personnes LGBT. Cela nécessite de documenter ces faits, de les rapporter et d’écouter les militants sur le terrain pour comprendre quelles sont leurs priorités. Il faut également investir dans l’éducation et dans les campagnes médiatiques de sensibilisation pour tailler en pièces les préjugés sur les personnes LGBT et leurs vécus. Il est très important également de renforcer le système international : lorsque quelqu’un est victime de discrimination, de persécution ou de torture de la part d’un État, il doit pouvoir trouver justice et réparation.

Comment peut-on convaincre la communauté LGBT de faire de ce sujet une priorité, alors que la cause du mariage pour tous a accaparé une grande partie de notre énergie ?

Le mariage pour tous a en effet concentré l’attention aux États-Unis et dans quelques autres pays. Dans beaucoup d’autres, les militants se sont battus sur plusieurs fronts à la fois. Et enfin, dans certains pays, le mariage pour tous est désormais si ancien que les mouvements LGBT se sont trouvés d’autres combats.

Mais, dans la plupart des autres pays, la lutte contre les lois sur les actes sexuels jugés « contre-nature » et les autres lois répressives qui criminalisent les personnes LGBT est déjà la priorité des militants. Dans plus de soixante-dix pays à travers le monde, les relations homosexuelles sont toujours illégales, alors que seuls vingt-six pays à ce jour ont ouvert le mariage aux couples de même sexe. Au-delà de la législation, la priorité reste bien sûr d’assurer la sécurité des personnes et de les protéger des violences physiques.

Quels choix s’offrent aux personnes LGBT qui vivent dans des pays qui criminalisent l’homosexualité ?

La façon dont ces pays appliquent ces lois contre les actes sexuels « contre-nature », des lois très souvent héritées de la colonisation, varie grandement. Dans certains pays, les gens sont régulièrement arrêtés et victimes de chantage et les organisations LGBT sont interdites. Dans d’autres, les gens ne sont pas arrêtés et les organisations LGBT peuvent travailler librement. Par conséquent, les stratégies militantes varient également en fonction du contexte national.

On assiste de plus en plus à des répressions contre les personnes LGBT dans le monde entier, pas seulement dans les pays qui criminalisent l’homosexualité. Dans beaucoup d’endroits, s’organiser pour faire évoluer les législations est très difficile et les personnes LGBT doivent faire preuve de prudence . Mais dans tous les cas, elles doivent essayer de trouver du soutien auprès de groupes militants, afin de bâtir une communauté fondée sur l’acceptation et la tolérance.

Quelle est selon vous la meilleure stratégie pour abolir les lois anti-LGBT ?

Il arrive que ces lois soient invalidées par des tribunaux, comme au Belize ou en Inde. Dans ce pays, l’article 377 du Code pénal, qui criminalise les actes sexuels « contre l’ordre naturel », a été jugé contraire à la Constitution par la Haute Cour de Delhi en 2009 avant d’être remis en vigueur par la Cour suprême en 2013 et fait toujours l’objet de procédures juridiques. Parfois, ces lois sont abolies par des décisions politiques.

La meilleure stratégie est celle qui s’inscrit dans le contexte local. Elle doit comporter des éléments qui influenceront les décisionnaires, une bonne défense légale et une couverture médiatique honnête et factuelle. Lorsqu’il revient aux tribunaux de décider si ces lois LGBTphobes doivent être maintenues ou abolies, il est extrêmement important d’apporter de solides arguments juridiques. Dans de telles situations, la jurisprudence internationale peut aussi avoir une influence déterminante.

Il est très important également d’éduquer la population. Les préjugés affectent aussi bien les tribunaux que les législateurs. C’est pourquoi, si une société devient plus tolérante, la probabilité que ces lois LGBTphobes soient abolies augmente.

Quel rôle peuvent jouer les entreprises dans la lutte contre ces législations homophobes ?

L’argent est le nerf de la guerre. Par conséquent, les entreprises peuvent prendre part à ce combat si elles décident de dénoncer publiquement ces lois ou de convaincre leurs contacts au sein du gouvernement de leur nocivité. Les Nations Unies ont récemment publié des Règles de conduite pour les entreprises, dont l’un des principes est qu’elles devraient promouvoir les droits des personnes LGBT là où elles font des affaires.

Cela peut se révéler particulièrement utiles dans les pays où les organisations et les militants n’ont qu’une marge de manœuvre ou une visibilité réduites. Quand des entreprises soutiennent les législations LGBTphobes, elles incitent l’ensemble de la société à faire de même. Quand, à l’inverse, elles promeuvent un cadre de travail inclusif et des protections pour les employés LGBT, elles donnent l’exemple à toute la société et peuvent ainsi avoir une influence déterminante.

Quels sont les militants qui vous inspirent particulièrement dans votre travail ?

Ce travail m’inspire tous les jours. Je suis toujours époustouflée de voir comment, dans le monde entier, les personnes LGBT ont surmonté les situations les plus difficiles. La résilience de nos communautés est incroyable. Ce qui me donne le plus d’énergie, c’est la vague de jeunes militants à travers le monde qui portent haut et fort leur activisme. Ils se battent courageusement pour l’égalité et ils savent comment faire connaître leur combat de façon créative, notamment sur Internet. J’ai bon espoir que ce mouvement, avec ses dirigeants actuels et ceux de la prochaine génération, soit entre de bonnes mains.

Que peut-on faire pour soutenir les efforts des militants qui luttent pour la décriminalisation des personnes LGBT ?

Engagez-vous ! Devenez bénévole auprès d’associations et d’ONG LGBT, prenez part aux rassemblements et aux manifestations, faites des pancartes, appelez vos élus. Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour montrer aux législateurs que vous soutenez ce combat. Et, surtout, écoutez. Écoutez ceux dont les histoires méritent d’être racontées et faites ce que vous pouvez pour qu’elles soient entendues.

 

Pour en savoir plus sur OutRight Action International et ses actions, rendez-vous sur son site.

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