Une brève histoire du poppers, ce produit à inhaler prisé par la communauté gay

Une brève histoire du poppers, ce produit à inhaler prisé par la communauté gay

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Beaucoup d’hommes gay ou bisexuels utilisent le poppers durant le sexe comme une drogue euphorisante. Ce produit à inhaler à base de nitrates provoque un afflux de sensations intenses et déconcertantes qui favorisent le relâchement des muscles lisses de la gorge et de l’anus, rendant ainsi la pénétration anale ou orale plus facile. D’après le journaliste C. Brian Smith, l’histoire du poppers est longue et passionnante. Voici quelques-unes de ses découvertes.

Selon Smith, un médecin écossais, Sir Thomas Lauder Brunton, a été le premier à utiliser le nitrite d’amyle pour soigner l’angine de poitrine, une forte douleur thoracique causée par un afflux sanguin insuffisant vers le cœur. Le nitrite d’amyle dilate les vaisseaux sanguins et augmente ainsi l’afflux de sang vers le cœur, réduisant la douleur et provoquant une sensation de chaleur.

Smith ajoute que le poppers était alors vendu dans des petites ampoules emballées qui produisaient à l’ouverture un bruit semblable à un « pop », d’où le nom « poppers ». L’emballage servait à protéger l’utilisateur des éclats de verre à l’ouverture.

 

D’après l’historienne Lucy Robinson, le poppers s’est ensuite répandu au cours du XXème siècle dans de nombreux lieux de sociabilité gays, notamment les bars et les boîtes de nuit. Ses effets désorientants altèrent la vue et l’ouïe, donnant aux clubbers un sentiment d’euphorie et de liberté pour quelques secondes. Le poppers a également le triple avantage d’être peu cher, simple à transporter et facile à prendre discrètement.

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Le poppers était en vente légale aux États-Unis jusqu’à ce qu’en 1969, la Food and Drug Administration exige qu’il soit vendu uniquement sur ordonnance. En 1988, la Consumer Products Safety Commission a interdit la vente de certains poppers aux États-Unis, mais les fabricants n’ont pas cessé depuis de changer leurs formules chimiques pour échapper à cette interdiction.

« Pour contourner la loi, les poppers sont souvent vendus comme des désodorisants d’intérieur, du cirage pour le cuir ou des produits d’entretien pour les têtes de lecture« , ajoute Smith. Aujourd’hui, on les trouve souvent sous ces appellations dans les sex-shops gays et les saunas.

En France, les poppers ont été interdits par décret en 2007, puis par arrêté 2011. Le Conseil d’Etat a cassé cet arrêt deux ans plus tard, comme le signalait le syndicat Sneg and co sur son site. Depuis, le syndicat reste vigilant sur le sujet.

Côté santé, il est vrai que le poppers n’est pas sans risque. Au début de l’épidémie de sida, on a cru à tort qu’il était lié à la maladie. Des études ont en revanche démontré qu’il pouvait faire drastiquement chuter la tension artérielle, diminuant ainsi l’oxygénation du cerveau et provoquant une respiration courte et saccadée, des troubles de la vision, des étourdissements et des évanouissements.

Malgré son histoire peu glorieuse, de récentes enquêtes ont montré qu’un tiers des hommes gays et bisexuels utilisent du poppers et que son usage se répand aussi chez les hétéros.

 

Image de Une via poppersking.com

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